LA DIRECTRICE exécutive du Partenariat Roll Back Malaria (RBM), le Dr Awa Coll Seck, l'affirme : les outils pour vaincre le paludisme existent déjà et ont un impact mesurable sur le développement des pays. Restait à mettre à la disposition de tous les acteurs « une feuille de route » pour coordonner l'action. Le plan présenté au siège des Nations unies vise précisément à fournir un cadre et une stratégie unifiés et à soutenir l'effort commun vers l'élimination du paludisme dans toutes les parties du monde, en Afrique, en Asie du Sud-Est, dans les Amériques, au Moyen-Orient et en Eurasie. Avec ce plan, « le premier réellement intégré, les 3,3 milliards de personnes exposées au paludisme peuvent enfin espérer une réponse coordonnée des gouvernements, des organisations du secteur privé et de la société civile », a déclaré le Dr Seck.
À mi-chemin de la date fixée pour la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), il y avait urgence. La réunion du 25 septembre à laquelle le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a convié une centaine de chefs d'États et de responsables d'organisations, était la première réunion de haut niveau sur les OMD depuis l'an 2000, lorsque les dirigeants du monde s'étaient engagés en faveur des objectifs énoncés dans la déclaration du Millénaire. Elle avait pour objet d'examiner les progrès accomplis, d'identifier les lacunes et les mesures à prendre et de traduire les engagements actuels en plans et mesures concrets, dans un contexte particulièrement difficile de ralentissement économique mondial, de changement climatique et de crise alimentaire.
Le plan d'action contre le paludisme répond à l'objectif 6, mais aussi à cinq des sept autres objectifs, parmi lesquels, la lutte contre l'extrême pauvreté, la réduction de la mortalité infantile ou encore l'amélioration de la santé maternelle. Trente pays endémiques, 65 institutions internationales et plus de 250 experts issus de domaines aussi divers que l'économie, la santé publique et l'épidémiologie ont participé à son élaboration. Il propose une stratégie en deux étapes, la première consistant à déployer les interventions à l'échelle nationale avec un impact réel : chacun des pays impaludés devrait parvenir à un accès universel à la prévention et aux traitements (au moins 80 % des personnes nécessitant ces services doivent en bénéficier). La seconde étape vise à maintenir la maladie sous contrôle et à assurer la pérennité des bénéfices - dans certains pays cette phase pourrait durer de quinze à vingt ans. À plus long terme, le contrôle efficace du paludisme sera lié à la solidité des systèmes de santé. À cette condition, l'élimination pourrait être envisagée. Le plan prévoit également un calendrier de recherche, en soutien de chaque étape, afin de favoriser le développement de nouvelles technologies aussi bien préventives que thérapeutiques, y compris des nouveaux médicaments, méthodes de lutte antivectorielle, diagnostics et vaccins.
Retour sur investissement.
Dans les deux ans qui viennent, l'accès aux différentes interventions disponibles devra être multiplié par dix et les financements devront être quatre fois plus importants qu'aujourd'hui. Pour l'Afrique seulement, 1,6 milliard sera nécessaire, 50 millions pour les Amériques et 2,5 milliards pour l'Asie-Pacifique. Les besoins pour dix ans sont estimés à 8,9 milliards de dollars.
La mise en œuvre du plan devrait permettre de sauver des millions de vie : environ 4,2 millions d'ici à 2010 dans les 20 pays africains les plus touchés. Dans le cadre des OMD, la lutte contre le paludisme apparaît avoir le meilleur rapport coût/efficacité : « La prévention et le traitement du paludisme sauvent plus de vies par dollar dépensé et ont un impact plus important sur la santé en Afrique subsaharienne que toutes les autres en matière de santé, à la seule exception de l'immunisation infantile », soulignent les auteurs du plan. Et, selon eux, le retour sur investissement est loin d'être négligeable : « Les études du consensus de Copenhague ont montré qu'investir dans les traitements majeurs contre le paludisme et dans la prévention engendre des bénéfices et des rapports coût/bénéfice annuels plus importants que la plupart des autres actions sanitaires. »
Soutien aux plus touchés
Le paludisme touche 109 pays mais 35 d'entre eux représentent 98 % des décès dus à la maladie dans le monde. Et cinq seulement, le Nigeria, la République démocratique du Congo, l'Ouganda, l'Éthiopie et la Tanzanie, représentent 50 % des décès dans le monde et 47 % des cas. Le plan s'est fixé comme priorité stratégique majeure d'apporter un soutien complet aux pays les plus touchés afin qu'ils assurent une couverture préventive et thérapeutique universelle contre le paludisme.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature