La stratégie vaccinale française aura-t-elle bientôt un nouveau visage ? C’est en tout cas la volonté du ministère de la Santé, qui a lancé un programme national de vaccination 2012-2017. « Celui-ci tient compte des enseignements des campagnes de vaccination récentes : pandémie grippale, rougeole, méningocoque B en Haute Normandie et Picardie », précise le ministère.
Le premier objectif consiste à simplifier le calendrier vaccinal, « devenu illisible pour le grand public comme pour les médecins » soulignait le 21 mars à l’AFP Nora Berra, secrétaire d’état chargée de la Santé. En fait, le calendrier 2012 sera modifié dès cette année pour être rendu plus lisible mais, ce n’est pas tout, il sera modifié en profondeur en 2013. Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations (Haut Comité de la santé publique, HCSP), confie que le but de cette nouvelle version est double : « ne pas administrer plus de doses de vaccin que nécessaire, et avoir un système qui permet de mieux se repérer dans les vaccinations des adultes ». Au plus tard à l’automne prochain, le contenu du nouveau calendrier devrait être dévoilé afin que l’Inpes puisse l’accompagner précocement d’une campagne de communication pertinente.
Carnet de santé électronique
En second lieu, les autorités souhaitent favoriser un meilleur suivi des vaccinations par les personnes concernées et par leur médecin traitant. En mettant en place d’un carnet de santé électronique, en lien avec le Dossier médical partagé. Avec ce système dématérialisé, le statut vaccinal des enfants, mais surtout celui des adultes, serait mieux connu des patients comme des médecins (les carnets de santé des enfants étant en général bien remplis).
Révision sémantique
Le programme prévoit également de redéfinir les notions de « vaccinations recommandées » et de « vaccinations obligatoires ». Rappelons qu’aujourd’hui, un nombre très limité de vaccinations est obligatoire. La primovaccination Diphtérie-Tétanos-Polio à 2,3 et 4 mois, le rappel DTP à 16-18 mois et les rappels Polio jusqu’à 13 ans le sont ; ainsi que la vaccination contre la fièvre jaune à tous les résidents de Guyane. Les autres vaccinations sont, quant à elles, seulement recommandées et « sont souvent perçues à tort comme facultatives, indique Daniel Floret, alors que toutes les vaccinations inscrites au calendrier vaccinal sont estimées nécessaires en terme de santé publique ». Le président du Comité technique des vaccinations ajoute même qu’aujourd’hui, « certaines vaccinations recommandées sont plus importantes que les vaccinations obligatoires ! ».
Un groupe d’études de l’Assemblée nationale présidé par Olivier Jardé (NC) et Edwige Antier (UMP) est lui aussi monté sur le créneau de la vaccination, en préconisant de rendre obligatoire certains vaccins, notamment le ROR, étant donné les récentes épidémies de rougeole qui sévissent depuis 2008 et qui ont entraîné, en 2011, près de 1 500 cas dont 6 décès. Mais on peut douter qu’une telle proposition soit retenue par un gouvernement qui se veut plus prudent, misant plutôt sur les campagnes de communication auprès du public pour favoriser l’acceptabilité des vaccins. Toutefois, une révolution sémantique aura bel et bien lieu. À une condition : elle doit être discutée d’une manière extrêmement large, en faisant intervenir la société civile, et pas seulement être décidée par des experts ou des parlementaires. « Cela semble être l’optique du ministère de la santé, se réjouit Daniel Floret, dévoilant que la DGS va saisir la Conférence nationale de santé afin qu’elle se concerte à ce sujet ».
Des vaccins au cabinet médical
Enfin, le programme gouvernemental envisage de simplifier le parcours de vaccination chez les médecins libéraux, avec la possibilité pour le médecin de disposer de vaccins au cabinet. Ainsi, le parcours « ordonnance chez le médecin - délivrance à la pharmacie – retour chez le médecin pour vaccination - serait allégé. Une belle idée, conclut Daniel Floret : « le médecin pourrait s’enquérir à chaque occasion du statut vaccinal de ses patients et s’ils ne sont pas à jour, effectuer immédiatement les vaccinations manquantes ».
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