L’EPIDEMIE de chikungunya qui frappe l’île de la Réunion depuis le mois de février 2005 a fait 20 000 nouvelles victimes en une semaine, soit un bilan qui s’établit à «70000cas depuis le début de l’épidémie», a annoncé le ministre de l’Outre-mer, François Baroin, à l’issue du conseil des ministres, au cours duquel, avec le ministre de la Santé, il a présenté un plan global contre l’épidémie. Selon Xavier Bertrand, qui s’est rendu sur place la semaine dernière, «il s’agit d’une crise sanitaire majeure pour la Réunion et pour l’ensemble du pays». En dépit de son ampleur, l’épidémie n’aurait encore provoqué aucun décès. «Ce n’est pas une maladie mortelle», souligne le ministre de la Santé, en précisant qu’il n’y avait «aucune certitude scientifique et médicale» sur le cas de l’enfant de 10 ans dont le décès a été attribué directement à la maladie.
Le plan gouvernemental s’articule autour de six catégories de mesures pour contrôler l’épidémie et faire face à ses conséquences sanitaires et économiques. Les moyens humains et matériels vont être renforcés afin de combattre le moustique.
D’ici au 20 février, 300 militaires et 77 cadres de la sécurité civile seront envoyés en renfort des équipes locales de l’armée, de l’Etat et des collectivités territoriales. En tout, 3 600 hommes seront déployés sur le terrain. Le plan de démoustication prévoit une double intervention dans l’intégralité des 200 000 foyers de l’île. Les produits répulsifs seront disponibles en quantité suffisante et des moustiquaires vont être fournies pour tous les nouveau-nés. Un nouveau plan de communication a été lancé dans les médias, avec une diffusion des messages jusqu’au 31 mars, pour informer la population sur les moyens de protection individuels contre le moustique. Un Numéro Vert (0.800.110.000), ouvert 7 jours sur 7, a également été mis en place.
Pour améliorer la prise en charge et l’accueil des personnes touchées, 65 lits supplémentaires ont été ouverts et 100 autres le seront en cas de besoin. De même, 20 médecins et 30 infirmières de métropole sont prêts à intervenir en renfort et par rotation.
Le réseau de « médecins sentinelles » a été élargi à 45 médecins depuis le 1er février, afin de renforcer la surveillance épidémiologique. Les capacités nationales de recherche, notamment le centre de référence sur les arbovirus de Lyon, sont mobilisées afin d’activer la recherche sur le virus, la prise en charge de la maladie, en particulier celle des femmes enceintes.
Une équipe de l’OMS, qui a officiellement été saisie le 28 janvier, devrait se rendre sur place. Enfin, un observatoire des conséquences économiques va être installé par le préfet de l’île, afin d’évaluer l’impact de l’épidémie dans tous les secteurs d’activité, notamment l’industrie touristique. Des mesures d’aides adaptées aux besoins et des délais de paiement de dettes fiscales et sociales devraient faire l’objet d’une circulaire commune des ministères de l’Economie, de l’Agriculture et du Tourisme.
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