«NOUS AVONS besoin de vous», a lancé Marie-Christine Blandin en ouverture de l'audition publique organisée au Sénat sur le thème : « La tuberculose constitue-t-elle un problème de santé publique ? » Coorganisatrice de l'événement, avec son collègue de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) Jean-Pierre Door, député UMP, la sénatrice PS a évoqué les récents débats sur la vaccination ciblée ou non et les avis divergents de la Halde et du Comité national d'éthique (CNE) sur le sujet. L'objectif de la réunion était donc de faire le point avec les scientifiques et les praticiens impliqués. «A la différence de la grippe aviaire, qui ne constitue qu'un risque, nous savons que la tuberculose tue 1,7million de personnes par an», poursuit Jean-Pierre Door. Et «l'apparition de nouvelles formes de tuberculose ultrarésistantes inquiète».
Didier Houssin a exposé les grandes lignes du plan national de lutte contre la tuberculose qui devrait être annoncé dans les prochains jours, le comité d'élaboration mis en place en février 2006 ayant remis son rapport à la fin du mois dernier. Conformément à la loi de santé publique d'août 2004, l'objectif est de stabiliser l'incidence globale de la tuberculose tout en renforçant la stratégie de lutte dans les groupes et les zones à risque. Le plan tient compte des évolutions récentes : l'incidence de la tuberculose est régulièrement en baisse, mais il existe de très fortes disparités au niveau de certains groupes de populations (migrants originaires de zones de forte endémie, Afrique subsaharienne, mais aussi Europe de l'Est, population en situation précaire) et de certaines zones (forte incidence en Ile-de-France et en Guyane) ; les pratiques de lutte sont très variables d'un département à l'autre.
Le plan devrait s'articuler selon six axes. Le premier concerne le diagnostic précoce et le traitement adapté de tous les cas de tuberculose maladie. Cela implique la sensibilisation et l'information des personnes les plus exposées, des professionnels de santé, mais aussi de certains professionnels hors santé susceptibles d'être confrontés à un cas de tuberculose. L'accès aux soins devra être favorisé, tout comme devra être développée la confiance dans les structures de soins, en particulier celle des personnes en situation de précarité.
Autre objectif important : le renforcement de l'éducation thérapeutique et l'amélioration de l'observance. «La prise régulière du traitement antituberculeux jusqu'à son terme est la condition indispensable de la guérison du patient et de la prévention de l'émergence de souches multirésistantes», a rappelé Didier Houssin.
Le renforcement du dépistage des formes contagieuses constitue le deuxième axe du plan. Il s'agit de réduire le délai précédant le diagnostic et de diminuer le risque de contamination grâce, en particulier, à la systématisation des enquêtes autour des cas. Les quatrième, cinquième et sixième axes visent à mieux prévenir les multirésistances – diagnostic précoce, transmission rapide de toutes les cultures au CNR en cas de suspicion –, à renforcer la surveillance épidémiologique et à faciliter l'adaptation du dispositif de lutte au niveau régional. Quant au troisième axe – la vaccination contre le BCG –, le comité n'a pas pris parti, et des arbitrages restent à faire. Ils devraient intégrer les récentes recommandations de la commission d'audition publique réunie par la Société française de santé publique (« le Quotidien » du 8 janvier).
Le Pr Christian Perronne, président de la section maladies transmissibles du Conseil supérieur d'hygiène publique de France (Cshpf), confirme qu'un avis devrait être rendu à propos de la vaccination des enfants, le 13 mars prochain. Ce sera «le dernier du Cshpf, qui sera remplacé par le Haut Conseil de la santé publique le 14mars», souligne le Pr Perronne. L'avis devrait s'orienter vers la levée de l'obligation vaccinale, avec une recommandation forte pour les personnes les plus vulnérables. La levée devrait concerner aussi la Guyane.
Aiguilles ultrafines pour la vaccination
Selon les données présentées par le Dr Sylvie Larraudie, médecin chef du service de vaccination de la Ville de Paris, l'utilisation d'aiguilles plus fines réduirait le risque d'effets secondaires. Dans le centre qu'elle dirige, aucun effet secondaire n'a été recensé depuis l'arrêt de la revaccination. En effet, ce type d'aiguille faciliterait la voie intradermique stricte. Au vu de ces données, le Conseil supérieur d'hygiène publique devrait recommander, dans son dernier avis, l'utilisation d'aiguilles ultrafines. Le laboratoire sanofi-Pasteur MSD, qui commercialise le vaccin intradermique, étudie également une modification de la taille de ses aiguilles.
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