C’EST AVANT tout le nombre important de suicides en prison qui avait alarmé la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie. On en déplorerait aujourd’hui 90, contre 104 l’an passé. Une certaine amélioration est à noter, imputable, selon la ministre, à la mise en place depuis une année d’un plan de prévention, qui s’est traduit par la formation des surveillants, la dotation des établissements pénitentiaires en kits antisuicide (pyjamas déchirables...), d’ailleurs assez largement décriés, et l’ouverture de huit cellules de protection d’urgence.
L’idée du plan a donc été d’abord inspirée par ce constat. Mais aussi du fait de la prévalence élevée d’un certain nombre de pathologies chez les personnes incarcérées : VIH, hépatite C et tuberculose, dont l’incidence est en prison 8 à 10 fois supérieure à la moyenne nationale, a précisé Roselyne Bachelot. La ministre de la Justice a pour sa part insisté sur les troubles psychiatriques, qui seraient repérés chez 55 % des arrivants en détention. « Le taux de recours aux soins psychiatriques est dix fois supérieur chez les détenus par rapport aux personnes libres », a-t-elle indiqué.
Ce sont par ailleurs les caractéristiques sociodémographiques de la population carcérale (c’est-à-dire socialement démunie) qui ont également justifié la mise en place d’un tel plan, explique encore Roselyne Bachelot. On sait l’impact de l’incarcération sur la santé et celui d’un paradigme nouveau, le vieillissement de la population carcérale, qui implique l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques.
Trois grands principes.
Le plan se décline en 6 axes, 18 mesures, 40 actions et suit trois grands principes, a souligné Roselyne Bachelot. D’abord, les personnes incarcérées doivent bénéficier de la même qualité et de la même continuité de soins que la population générale. Ensuite les plans et les programmes de santé publique, comme la lutte contre le cancer par exemple, doivent (ça paraît évident) être mis en œuvre en milieu carcéral. Enfin, « la prévention et les soins initiés ou poursuivis pendant la période de l’incarcération doivent contribuer au maintien et à l’amélioration de l’état de santé des personnes détenues ».
Le plan vise notamment à ce que les détenus « apprennent à se réapproprier leur santé. La détention, malgré les contraintes qui lui sont propres, peut être ce temps de découverte des dispositifs de prévention et d’éducation à la santé ». Cela devrait passer par des programmes de dépistage rendus plus accessibles, l’accès à la pratique d’un sport, l’amélioration de la santé bucco-dentaire. « La réinsertion sanitaire est une étape fondamentale de la réinsertion sociale ».
Un rapport d’étape sera remis en janvier 2011, a assuré la ministre de la Justice.
Quotimed.com, le 28/10/2010
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