LA MEDECINE EN 2003
« Avec 150 000 décès par an, le cancer est la première cause de mortalité avant l'âge de 65 ans en France. Au cours des dix dernières années, il a fait autant de victimes que le conflit le plus meurtrier de notre histoire, autant de victimes que la Première Guerre mondiale, soit un demi-million de personnes. » C'est en se livrant à cette comparaison chiffrée impressionnante que Jacques Chirac a présenté, au mois de mars, le Plan cancer du gouvernement. Avec, au passage, un engagement personnel. « J'ai fait de la lutte contre ce fléau un des grands chantiers de mon mandat, pour que tout soit mis en uvre. J'en rendrai compte devant les Français », a promis le chef de l'Etat.
Piloté par Jean-François Mattei, le ministre de la santé, ce plan affiche un objectif ambitieux : diminuer de 20 % la mortalité par cancer d'ici à 2007. Doté d'un budget de 640 millions d'euros sur cinq ans (dont 100 millions en 2003), il comporte 70 mesures articulées autour de cinq grands axes : la prévention, le dépistage, les soins, l'accompagnement des malades et la recherche. Pour coordonner l'ensemble des actions du plan, un institut du cancer sera mis en place en 2004. « Cet institut définira et financera des programmes de recherche. Il établira les référentiels de qualité des pratiques médicales et des soins. Il observera la mise en place de l'ensemble des mesures du Plan cancer et assurera une information auprès du public », a précisé Jean-François Mattei, lors de la présentation du plan.
La lutte contre le tabagisme
Dans le domaine de la prévention, priorité est donnée à la lutte contre le tabagisme, avec pour objectif une diminution de 30 % chez les jeunes et de 20 % chez les adultes. Pour y parvenir, le gouvernement a choisi de déclarer la guerre au tabac, en procédant d'abord à un relèvement important des taxes, en supprimant les paquets aux formats réduits et en interdisant la vente au moins de 16 ans. Le plan prévoit aussi de faire appliquer de manière effective l'interdiction de fumer dans les lieux collectifs et les établissements scolaires. En matière d'alcool, le but est de réduire de 20 % le nombre d'adultes dépendants, à travers notamment des campagnes grand public et la mise en place d'un avertissement sanitaire plus lisible sur les emballages.
Dans le domaine du dépistage, un accent tout particulier est mis sur le cancer du sein. En principe, à partir du 1er janvier 2004, tous les départements français doivent être en mesure de proposer un dépistage organisé. A terme, l'objectif est de parvenir à un dépistage chez 80 % des femmes entre 50 et 74 ans. Le plan vise, par ailleurs, à favoriser le dépistage individuel du col de l'utérus (objectif : 80 % des femmes entre 25 et 69 ans) et à faciliter le dépistage du cancer du côlon. Enfin, le plan garantit l'accès aux tests de prédisposition génétique des formes familiales du cancer.
Troisième grand chapitre du plan : les soins. D'ici à 2007, chaque région française devra disposer d'un réseau du cancer coordonnant l'ensemble des acteurs de soins, en ville et à l'hôpital. A terme, chaque patient bénéficiera d'un « programme personnalisé de soins », établi en commun par un cancérologue, un radiothérapeute, un spécialiste de l'organe touché et un généraliste.
Faciliter l'engagement des généralistes
Pour faciliter l'engagement des médecins généralistes, le plan doit instaurer un « forfait de suivi » couvrant les épisodes interhospitaliers, les traitements à domicile et le suivi post-thérapeutique. Afin d'améliorer les conditions dans lesquelles les patients apprennent leur maladie, il est prévu de rémunérer la consultation d'annonce par un forfait versé aux établissements de santé. Enfin, le gouvernement s'engage à augmenter « nettement » le parc d'appareils de diagnostic et de suivi des cancers. Concrètement, l'objectif est de parvenir à une TEP par millions d'habitants et d'installer deux scanners ou IRM de plus par région. En septembre, lors d'un bilan d'étape de son plan au bout de six mois, Jean-François Mattei a, par ailleurs, promis que 133 accélérateurs de radiothérapie seront installés d'ici à 2007.
Pour favoriser un accompagnement « social plus humain et solidaire » autour de la maladie, le plan visera à améliorer les dispositifs de maintien et de retour à l'emploi pour les patients, tout en facilitant l'accès aux prêts et aux assurances. Autre objectif : améliorer l'allocation de présence parentale pour permettre aux parents de rester auprès de leur enfant malade. Afin d'informer le public et d'orienter les malades ou leurs proches, un Numéro Azur sera mis en place.
Enfin, ultime priorité : la recherche. Le but principal du plan est de permettre un transfert plus rapide de la connaissance fondamentale vers les applications thérapeutiques. Des « cancéropôles » verront le jour à un niveau régional ou inter-régional. En associant des hôpitaux de référence et des unités de recherche, ces « cancéropôles » devront développer les structures de transfert, depuis la recherche en amont jusqu'à l'innovation.
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