DEPUIS la description initiale de l'hyperaldostéronisme primaire (HAP) par Jérôme W. Conn en 1954, la prévalence du syndrome qui porte désormais son nom est restée mal connue. Conn lui-même suggérait que 20 % des hypertendus pourraient en être atteints. Néanmoins, pendant une trentaine d'années, l'hyperaldostéronisme primaire, qui, pour l'essentiel, implique de distinguer l'adénome de Conn, dont la sanction est chirurgicale, et l'hyperplasie bilatérale, dont le traitement est médical, a été considéré comme une maladie rare, apanage de quelques universitaires. Quelques études épidémiologiques avaient évoqué une prévalence de l'ordre de 1 %. Toutefois, des travaux issus de centres spécialisés dans la prise en charge de ces patients ont suggéré depuis 1999 qu'environ 10 % des hypertendus «tout venant» pourraient en être atteints. C'est pourquoi des auteurs ont suggéré que le diagnostic d'HAP était de plus en plus fréquent et devait être évoqué devant une hypertension artérielle résistante, avec ou sans hypokaliémie.
Portant sur 1 616 hypertensions réfractaires.
Toutefois, la prévalence réelle du syndrome de Conn, tout comme celle de l'hypertension artérielle résistante, est mal connue. C'est pourquoi S. Douma et coll. (Thessalonique, Grèce) ont étudié l'épidémiologie de l'hyperaldostéronisme primaire dans une étude observationnelle, rétrospective, dont le recul est de 20 ans. Elle a porté sur 1 616 patients atteints d'HTA résistante. Des dosages d'aldostérone plasmatique et d'activité rénine plasmatique ont été réalisés en l'absence d'interférence médicamenteuse et dans des conditions d'équilibre sodé. Cette étape s'est soldée par l'élimination de 1 278 patients, qui avaient soit un rapport aldostérone plasmatique/activité rénine plasmatique inférieur à 65, soit une aldostéronémie inférieure à 416 pmol/l. La négativité d'un test de frénation par surcharge sodée veineuse a ensuite permis d'exclure 156 hypertendus supplémentaires.
Au total, un hyperaldostéronisme primaire a été suspecté chez 182 patients. Il a été confirmé dans tous les cas par l'évaluation de l'efficacité de la spironolactone. Ainsi, dans ce travail, la prévalence de la positivité d'un test associant apport aldostérone plasmatique/activité rénine plasmatique supérieur à 65 et aldostéronémie supérieure à 416 pmol/l a été de 338/1 616, soit 21 %. Il est à noter que 117 d'entre eux, soit 35 %, avaient une hypokaliémie. Le test de frénation par surcharge sodée veineuse a finalement permis de poser le diagnostic d'HAP chez 182 malades, soit 54 % des 338 patients chez lesquels le test défini comme précédemment était positif, et chez 11 % de la population totale des 1 616 patients atteints d'HTA résistante.
Fréquence très élevée des faux positifs.
Les auteurs concluent en indiquant que la prévalence de l'HAP est plus faible que ce qui avait été rapporté récemment chez les sujets atteints d'HTA réfractaire, et qu'elle est très probablement plus basse qu'on ne le pense généralement au sein d'une population d'hypertendus non sélectionnés. Ils soulignent également la fréquence très élevée des faux positifs lors du rapport aldostérone plasmatique/activité rénine plasmatique. Ce test doit donc être très soigneusement effectué, voire répété, comme le souligne N.M. Kaplan dans un éditorial. Il souligne que la recherche d'un HAP s'impose bien évidemment en cas d'HTA réellement réfractaire, même en l'absence d'hypokaliémie.
« Lancet », 2008 ; 372 : 1890-1891 et 1921-1926.
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