à ENTENDRE les chirurgiens, les scénaristes hollywoodiens auraient tout faux. «Les blocs de demain sont une idée très fantasmatique», s’amuse le Dr François Aubart, chirurgien orthopédiste qui opère depuis plusieurs années, dans son hôpital d’Eaubonne-Montmorency (dans le Val-d’Oise), assisté d’un robot. Pour le Dr Aubart, les plateaux techniques du futur seront au contraire immenses et peuplés d’une foule de gens. «Ce serontdes halls opératoires, explique-t-il. Les cloisons disparaîtront les unes après les autres pour que l’on puisse y faire de la chirurgie, mais aussi de l’interventionnel. S’y retrouveront les actes chirurgicaux ou médico-chirurgicaux et l’ingénierie. Dans ces halls, la technologie sera non seulement médicale et d’imagerie, mais il faudra aussi organiser le transport interne des équipements et des patients. Tout cela dans des locaux aux normes aseptiques.»
Pour imaginer ces blocs d’un nouveau type, le Dr Aubart propose de se référer à l’exemple du lancement d’une navette spatiale. «C’est de la très haute technologie et une multitude d’intervenants sont réunis qui n’ont qu’un but: lancer le petit bout de fusée. Cela suppose une coordination très complexe. Les blocs seront ainsi. De très grosses machines intégrant de plus en plus d’hommes –médecins, ingénieurs et d’autres métiers particuliers– tournés vers un seul “petit objet”: l’opéré.»
D’un point de vue strictement médical, alors que la tendance est à l’intervention par des orifices de plus en plus limités, les technologies de robotique et de navigation seront à l’honneur dans les blocs de demain. Dans cette optique, la « réalité augmentée » va révolutionner la chirurgie viscérale. «Un plateau d’imagerie sera placé entre l’oeil du chirurgien et le ventre du patient, s’enthousiasme François Aubart. Le chirurgien regardera cet écran, y verra sa main et son instrument et la reconstitution en 3D de l’organe qu’il sera en train d’opérer. On va croiser en temps réel la position des instruments et une image virtuelle.»
Dans d’autres domaines de la chirurgie, c’est la biologie de demain, le génie cellulaire, qui va tout changer en matière de greffes, de prothèses, de sutures d’organe... D’où une nouvelle exigence de traçabilité (des produits, mais aussi des utilisateurs, des techniques...).
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