L'homocystéine est un acide aminé issu de la transformation de la méthionine, un acide aminé indispensable, principal fournisseur de méthyle de l'organisme. Sa concentration sanguine est sous la dépendance de facteurs génétiques contrôlant les activités enzymatiques et de facteurs environnementaux fournissant les apports en vit B6, B9, B12 et folates, cofacteurs indispensables aux enzymes.
L'hyperhomocystéinémie est considérée comme un facteur de risque de thrombose, d'accidents cardio-vasculaires, indépendant de tous les autres facteurs de risque connus. In vitro, l'homocystéine est toxique pour la cellule endothéliale vasculaire et nombreuses sont les études qui ont montré les relations inverses entre la consommation de folates et d'homocystéine. La carence folique, que son origine soit génétique ou nutritionnelle, apparaît comme un facteur déterminant de la genèse de l'hyperhomocystéinémie et par conséquence de la survenue d'accidents vasculaires, « à un point tel que le dosage de l'homocystéine mérite d'être inclus dans tout bilan de thrombose », précise Mme Jacqueline Zeitoun, « ce facteur étant facilement modifiable ».
L'homocystéine plasmatique totale
Depuis quelques années, des travaux ont évoqué une relation positive entre la concentration d'homocystéine plasmatique totale (tHcy) et la consommation d'alcool, mais sans prendre en compte les différents types de boisson alcoolique.
Plusieurs études successives se sont particulièrement intéressées à la consommation de bière. Contenant un taux élevé de vitamines du groupe B, de folates, elle pourrait avoir un rôle protecteur vis-à-vis du risque cardio-vasculaire. Les apports vitaminiques fournis par 2 à 4 verres de bière par jour sont supérieurs aux besoins minimaux quotidiens de ces micro-nutriments.
L'étude tchèque Bobak, en 2000, a montré une diminution de l'homocystéine chez les buveurs de bière, et une diminution des complications cardio-vasculaires.
Une baisse du tHcy
Dans l'étude SUVIMAX, où le tHcy et le folate érythrocytaire ont été mesurés chez 1 196 femmes et hommes, on relève que la consommation de vin et d'alcools forts augmente le tHcy, tandis que la consommation de bière ne semble pas avoir d'effet ou avoir un effet inverse sur le tHcy.
Dans l'étude COBRA (Consommation de Bière et Risque Artériel), une étude d'observation de type transversal sur une population francilienne de sujets à risques cardio-vasculaires (âge moyen 51 ans), les valeurs de l'homocystéine et les vitamines B9, B12 plasmatiques ont été mesurées sur trois groupes de 33 personnes définies en fonction de leur consommation d'alcool (faible < 10 g/7 j, modérée entre 10 et 40 g/j en bière, ou en vin). Il ressort que l'homocystéinémie différait selon les groupes, avec des valeurs plus basses chez les buveurs de bière (10,7 ± 2,3 μg/l) que chez les buveurs de vin (12,4 ± 2,5 μg/l et chez les non-buveurs (11,9 ± 2,5 μg/l). Aucune différence significative concernant les dosages vitaminiques en analyse univariée n'a été constatée.
En conclusion, il apparaît que la consommation régulière et modérée de bière est associée à un effet bénéfique sur le métabolisme de l'homocystéine, un effet protecteur cardio-vasculaire spécifique par réduction du taux d'homocystéine lié à la présence de folates, de vitamines B dans la composition de cette boisson.
JONAS 2003 : d'après les communications de Jacqueline Zeitoun (hôpital Henri-Mondor, Paris), du Dr Louise I. Mennen (InVS-CNAM, Paris), du Dr Jean-Louis Megnien (hôpital Broussais, Paris).
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