« LA NEUTRALISATION du bacille du charbon par des HNP, en combinaison avec l'éradication par antibiotique, pourrait être exploitée pour la prévention des cas fatals de charbon », estiment les auteurs (Chu Kim et coll., Berlin).
Les neutrophiles sont les premières cellules recrutées sur le site de l'infection. Ils ont d'abord une fonction de phagocytose. Ensuite, ils sécrètent des peptides antimicrobiens, comme les défensines et les cathélicidines, qui agissent par un mécanisme bactéricide indépendant de l'oxygène.
Parmi six défensines humaines connues, quatre sous-types de HNP (HNP-1 à HNP-4) sont exprimées par les granulocytes et certaines populations de lymphocytes. On sait que les HNP-1 à HNP-3 agissent en tant qu'antibiotiques naturels, avec une activité montrée contre différentes bactéries et virus.
Une activité contre le facteur létal.
Les chercheurs trouvent chez la souris une activité neutralisante contre le FL de Bacillus anthracis et montrent que l'inhibition est non compétitive. « HNP-1 empêche la cytotoxicité induite par B. anthracis sur les macrophages murins dans des conditions physiologiques ; et le traitement in vivo avec HNP-1 à HNP-3 a protégé les souris contre les conséquences fatales de la toxine létale. » Cette fonction biologique consiste principalement en la neutralisation d'une enzyme bactérienne, comme il en existe un grand nombre qui sont sécrétées par les micro-organismes pour éviter la destruction par le système immunitaire.
La concentration plasmatiques de HNP-1 à HNP-3 dans les conditions physiologiques est de 40 ng/ml. Elle peut augmenter de manière importante localement, sur le site des infections.
Ces données sont importantes, démontrant le potentiel des HNP pour l'immunothérapie du charbon. L'infection par B. anthracis peut être traitée par antibiothérapie, mais ce traitement est sans effet s'il n'est pas institué promptement, car, « même après l'éradication bactérienne, les toxines sécrétées demeurent actives ». Ces obstacles soulignent le besoin de nouvelles stratégies d'intervention. Certaines sont déjà en cours d'exploitation, fondées sur de récents progrès dans la compréhension du mécanisme de la toxine : des anticorps recombinants contre le peptide de la toxine, des peptides, des petites molécules inhibitrices de FL ou des inhibiteurs polyvalents de l'interaction entre le FL et l'antigène protecteur.
Des peptides multifonctions.
« Les HNP-1 à HNP-3 pourraient avoir plusieurs avantages thérapeutiques par rapport à d'autres candidats. » D'abord, les peptides HNP sont multifonctions. A côté de leur capacité bien établie de tuer un certain nombre de microbes pathogènes, on leur a décrit des activités immunomodulatrices. Les défensines des neutrophiles humains sont chimio-attractives pour les cellules T et les cellules dendritiques. Elles augmentent la production d'anticorps et de cytokines, facilitant la mise en route de la réponse immunitaire.
> Dr BÉATRICE VUAILLE
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée en ligne.
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