DE NOTRE CORRESPONDANTE
CES RÉSULTATS mettent en lumière un nouveau moyen pour inhiber le VIH, et qui est efficace contre des souches virales devenues résistantes aux autres médicaments antirétroviraux, souligne dans un communiqué le Dr Frank Kirchhoff, de l'université d'Ulm en Allemagne, qui a codirigé ce travail : «C'est un grand avantage. »
Selon les dernières estimations de l'OMS, environ 40 millions de personnes dans le monde sont infectées par le VIH, parmi lesquelles plus de 2 millions d'enfants. En 2006, près de 4 millions de personnes ont contracté une infection par le VIH, et 3 millions de personnes sont décédées du sida.
«Une variété de molécules présentes dans la circulation sanguine a été impliquée dans l'inhibition du VIH-1 chez les individus infectés, rapportent les chercheurs qui publient leur étude dans la revue « Cell ». Mais on ne connaissait pas les molécules les plus efficaces pour contrôler la réplication virale in vivo. »
Bibliothèque dérivée de l'hémofiltration.
Afin d'identifier de nouveaux inhibiteurs naturels du VIH, une équipe allemande (Munch et coll.) a effectué un criblage d'une bibliothèque de peptides sanguins (dérivée de l'hémofiltration).
Cette bibliothèque contient plus d'un million de peptides, qui représentent presque tous les composés de poids moléculaire inférieur à 30 kDa trouvés dans la circulation sanguine.
Les chercheurs ont identifié un peptide de 20 acides aminés, qu'ils ont nomme Virip (pour Virus-Inhibitory Peptide). Ce peptide correspond en fait à un fragment (353-372) de l'alpha 1-antitrypsine, l'inhibiteur de la sérine protéase le plus abondant de la circulation.
Ils ont découvert que le Virip inhibe l'infection cellulaire par toutes les souches de VIH-1 testées, quels que soient leur sous-type ou l'usage du corécepteur, y compris les souches résistantes aux médicaments antirétroviraux sur le marché.
Ils montrent de plus qu'il est possible, en changeant quelques acides aminés dans le peptide Virip, d'améliorer considérablement son effet antirétroviral.
Des études fonctionnelles et structurelles ont établi que le Virip inhibe l'entrée du VIH-1 dans les cellules, en se liant spécifiquement au peptide de fusion gp41 hautement conservé et en empêchant son insertion dans la membrane cellulaire cible.
Le peptide de fusion gp41, normalement enfoui dans l'enveloppe virale, s'expose durant le processus d'entrée du VIH-1 et il établit le premier contact direct entre la particule virale et la cellule hôte.
«Notre étude montre que la région du peptide de fusion gp41 représente une cible médicamenteuse attrayante», notent les auteurs.
Ils notent également qu'il est difficile pour les variants VIH-1 de devenir résistants au Virip, tout au moins en culture cellulaire.
Ils ont découvert que de nombreux dérivés du Virip sont très stables dans le plasma humain, et ne sont pas cytotoxiques, même à de très fortes concentrations. L'absence de toxicité a déjà pu être confirmée chez l'animal pour certains dérivés.
Une nouvelle classe d'inhibiteurs du VIH-1.
«Nos données étayent la possibilité selon laquelle le Virip pourrait contribuer à contrôler la réplication du VIH-1 chez les individus infectés», notent les chercheurs. Ils ajoutent que «des dérivés du Virip sont hautement appropriés pour le développement d'une nouvelle classe d'inhibiteurs du VIH-1 qui cible le peptide de fusion gp41 hautement conservé».
La vingtaine de médicaments actuellement disponibles contre le VIH peuvent se ranger en quatre catégories selon leur mode d'action, et un nombre croissant de souches du VIH deviennent résistantes à ces antirétroviraux.
«On veut avoir à portée de main de nombreuses classes médicamenteuses car on commence à rencontrer de plus en plus souvent des virus multirésistants aux médicaments. Le problème est déjà sévère dans certains pays industrialisés», souligne le Dr Kirchhoff.
Munch et coll. « Cell », 20 avril 2007, p. 253.
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