Revenons en 1947, à l'époque où William Haubrich (qui a maintenant le titre de professeur de médecine à San Diego, Californie) est en dernière année de ses études de médecine. A l'hôpital universitaire, il est chargé d'interroger et d'examiner les patients hospitalisés dans le service réservé aux indigents. Là, un vieil homme aux cheveux blancs et au visage rougeaud. Quel est votre problème, demande l'étudiant ? « Je vais bien », répond l'homme, qui n'articule pas tout à fait bien et dont la main tremble discrètement lorsqu'il la tend pour dire bonjour. « Je ne serai pas longtemps ici. Vous découvrirez vite qu'il n'y a pas de raison de me garder. » Puis, invitant l'étudiant à s'approcher, il lui glisse à l'oreille dans un murmure rauque : « Je vais vous dire un secret. Le fait est que je suis parfaitement en bonne santé. Je suis dans ce service uniquement parce que je ne veux pas donner de mon argent à l'hôpital. »
La visite du deuxième jour ressemble à un monologue. Le patient raconte comment il a fait fortune ; il se souvient d'incroyables détails. Au bout d'une heure d'un discours ininterrompu, il prend l'étudiant par la main : « Je vous aime bien. Quand vous aurez terminé vos études, je vous donnerai 50 000 dollars pour vous installer. » Ce qui laisse l'étudiant sans voix.
Le troisième jour, les résultats des examens sont là. Tout est normal sauf... un BW positif à 4 + sur le liquide céphalo-rachidien. Dès lors, tout devient lumineux : le laboratoire explique la mégalomanie. Le diagnostic est celui d'une démence liée à une syphilis tertiaire.
Le quatrième jour, le lit du patient est vide. Il a été transféré pour recevoir l'unique traitement dont on dispose à l'époque pour traiter la syphilis tertiaire : une fièvre-thérapie (lire ci-dessous).
« BMJ » du 13 octobre 2001, p. 849.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature