L’ETUDE PRESENTEE par le Dr Nir Giladi (Tel-Aviv) avait pour objectif d’évaluer les effets de l’application régulière du patch de rotigotine chez des patients parkinsoniens traités souffrant de troubles du sommeil et de troubles moteurs au réveil. Les 54 patients inclus ont été évalués une première fois le lendemain de l’arrêt de leur traitement habituel, puis une seconde fois après quatre semaines de traitement à la dose efficace (de 2 à 16 mg/24 heures). La détermination de la dose efficace s’est faite à l’issue d’une augmentation progressive des doses sur deux à huit semaines.
Ces deux évaluations, pratiquées après une nuit passée à l’hôpital, comportaient notamment un questionnaire sur l’akinésie, la dystonie et les crampes nocturnes (Nadcs), une échelle appréciant la qualité du sommeil (Pdss, Parkinson’s Disease Sleep Scale) et le score moteur de l’échelle Updrs III.
Amélioration de la qualité du sommeil.
Parallèlement à l’amélioration des performances motrices matinales illustrée par une baisse de 35,7 à 24,3 du score moteur de l’échelle Updrs III (p < 0,0001), la rotigotine a entraîné une diminution significative des perturbations motrices nocturnes mesurées par le Nadcs (diminution du score de 2,1 points), particulièrement de l’akinésie nocturne.
Le score moyen de la Pdss, qui prend en compte la qualité globale du sommeil, la difficulté à rester endormi, la nécessité de se lever pour uriner, le nombre de réveils liés à des engourdissements, ainsi que la sensation de fatigue au réveil, est passé de 94,1 à 105,9 (p < 0,0001), ce qui témoigne d’une amélioration globale de la qualité du sommeil. Le score de l’échelle d’Epworth, qui évalue la somnolence diurne, a diminué parallèlement, passant, en moyenne, de 7,3 à 6,1 (p = 0,0027). Le traitement par Neupro s’est accompagné d’une baisse du nombre moyen de mictions nocturnes, qui est passé de 2,12 à l’inclusion à 0,71.
La rotigotine a été globalement bien tolérée. Les effets indésirables ont été ceux habituellement observés avec les agonistes dopaminergiques. Les réactions cutanées dues au patch ont pu être facilement maîtrisées en changeant régulièrement les sites d’application.
A long terme.
Pour le Dr Nir Giladi, «ces premières données suggèrent que les patchs de rotigotine, grâce à la diffusion continue du principe actif sur l’ensemble du nycthémère, pourraient, en plus de leur action favorable sur les fluctuations motrices au cours de la journée, faciliter la mise en route matinale et améliorer la qualité du sommeil des patients parkinsoniens».
Le Pr Werner Poewe a, quant à lui, présenté les résultats de la prolongation, en ouvert, d’une étude comparative contre placebo, en double aveugle chez des patients denovo. «Avec trente-six mois de recul, a-t-il souligné, l’efficacité de la rotigotine est restée constante et l’observance est restée très bonne, supérieure à 85%, témoignant de la tolérance et de la facilité d’emploi du patch.» Fait intéressant : chez les patients qui étaient sous placebo pendant les six mois de la phase en double aveugle, l’amélioration des scores Updrs II et III, grâce au traitement par rotigotine lors de la phase en ouvert, a été moins prononcée et la dégradation progressive de la fonction motrice plus marquée que chez ceux qui avaient reçu ce médicament depuis le début de l’essai. Pour le Pr Poewe, cette différence apparente entre les deux groupes de patients, malgré un écart de seulement six mois entre les dates de mise en route du traitement, conforte le bien-fondé du traitement précoce de la maladie de Parkinson.
D’après un symposium et une conférence de presse organisés par Schwarz Pharma, à l’occasion du 10e Congrès de l’European Federation of Neurological Societies (Efns) avec la participation des Prs Peter LeWitt (Detroit), Werner Poewe (Innsbruck) et Olivier Rascol (Toulouse) et du Dr Nir Giladi (Tel-Aviv).
* Neupro a obtenu une autorisation de mise sur le marché européenne en février 2006 pour le traitement, au stade précoce, de la maladie de Parkinson. Il est commercialisé à ce jour en Allemagne, au Royaume-Uni et en Autriche, d’autres pays sont à venir.
La rotigotine en pratique
Neupro est le premier antiparkinsonien présenté sous forme de patch. Grâce à cette formulation, la rotigotine, agoniste dopaminergique, est libérée de façon continue sur vingt-quatre heures. L’intérêt du patch est de réduire les fluctuations de la concentration plasmatique de la rotigotine, et de stimuler de façon continue les récepteurs dopaminergiques D3, D2 et D1. Autre intérêt de la formulation, le patch Neupro s’applique sur la peau une fois par jour, permettant ainsi d’optimiser l’observance du traitement.
Neupro existe en quatre dosages : 2, 4, 6 et 8 mg. Le traitement doit être instauré à la plus faible dose et il est recommandé d’augmenter ensuite de 2 mg/24 h chaque semaine jusqu’à la dose efficace.
Deux études présentées lors du congrès ont montré que le passage d’un agoniste dopaminergique oral à Neupro ne pose aucune difficulté particulière sous réserve de respecter les équivalents de doses entre les différentes molécules (Pr Peter LeWitt, Detroit) et que Neupro peut être associé à la lévodopa lorsque celle-ci ne permet plus de contrôler les symptômes (Pr Olivier Rascol, Toulouse). Dans cette circonstance, le patch de rotigotine s’est révélé aussi efficace que l’agoniste de référence administré par voie orale auquel il a été comparé, avec une diminution significative du temps passé en période « off » et une augmentation significative du temps passé en période « on ».
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