SELON Druilhe et coll., ces résultats sont encourageants. Ils laissent espérer qu'il sera bientôt possible de développer enfin un vaccin efficace contre le paludisme. Mais il faut se garder de toute conclusion hâtive : ces résultats sont préliminaires et ne sont pas la preuve que le vaccin marchera.
L'équipe pasteurienne a suivi une démarche originale, innovante pour la sélection des antigènes dans la démarche de l'élaboration d'un candidat-vaccin. En s'intéressant aux individus naturellement protégés, d'une part, et en développant des tests qui reflètent cette protection, d'autre part.
Il ont recherché chez les individus qui avaient développé une immunité protectrice contre le parasite les protéines responsables du phénomène.
Il faut savoir qu'en zone d'endémi les individus continuellement exposés qui ont survécu dans l'enfance atteignent à l'âge adulte un état de protection incomplète, mais suffisamment efficace pour empêcher le développement clinique, qui constitue la plus forte protection connue contre le paludisme. A partir de l'âge de 20 ans, on observe chez ces individus continuellement exposés un état qui a été appelé « prémunition » par des Français. Cet état permet un contrôle des densités parasitaires. Il reste quelques parasites, mais au-dessous du seuil où les accès palustres peuvent apparaître.
Les protéines reconnues chez les sujets « prémunis ».
« Toute la sélection des antigènes vaccinaux a été faite sur la base de l'immunoclinique humaine. Ce qui se distingue des travaux habituels qui sont faits sur les souris ou les singes », précise Pierre Druilhe au « Quotidien ».
En étudiant les protéines parasitaires reconnues par le sérum de sujets « prémunis » vivant en zone d'endémie en Afrique et en Asie, les chercheurs ont mis en évidence l'intérêt de la protéine MSP3, car il existe une très forte corrélation entre les anticorps dirigés contre cet antigène et la protection naturelle acquise. MSP3 n'est pas polymorphe ; elle ne présente pas de différences d'un parasite à l'autre.
L'essai de phase I a été réalisé chez 30 volontaires en bonne santé. Ils ont développé une réponse immunitaire forte et spécifique, et dans certains cas de longue durée, contre la protéine MSP3.
La question cruciale est de savoir si la présence de cette réponse immunitaire signifie qu'il existe une véritable protection contre les accès palustres. Un moyen simple serait d'établir un contact avec le Plasmodium, ce qui ne peut être réalisé pour des raisons évidentes d'éthique.
Inhibition de la croissance du plasmodium.
Druilhe et coll. ont pu aller un peu plus loin grâce aux tests qu'ils ont mis au point, dans lesquels ils confirment que les anticorps induits chez les volontaires vaccinés ont des effets biologiques : ils inhibent la croissance du Plasmodium dans deux tests distincts. « Les analyses ont montré que les anticorps étaient aussi efficaces ou plus efficaces que ceux produits par des adultes africains "prémunis" pour éliminer les parasites, aussi bien in vitro en culture qu' in vivo chez des souris humanisées. »
« Une force particulière de l'essai MSP3 est que les tests fonctionnels (tests permettant de voir si le vaccin pourrait tuer le parasite) ont été utilisés pour évaluer la qualité des réponses anticorps produits », soulignent Brendan Crabb et James Beeson dans un éditorial.
Druilhe et coll. ont commencé un essai de phase II d'efficacité chez des individus exposés au paludisme.
« PLoS Med » 2(11): e344 et éditorial e380.
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