Le rôle du récepteur nicotinique ß2

Un pas dans le mystère de la récompense

Publié le 15/06/2006
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DES CHERCHEURS de l’Institut Pasteur associés au Cnrs, en collaboration avec le Karolinska Institute (Stockholm), ont décrypté les bases moléculaires de l’activation de notre système de récompense : l’équipe de Philippe Faure (unité « récepteurs et cognition » dirigée par Jean-Pierre Changeux) a progressé dans la compréhension du rôle des récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine dans la contrôle de ce système.

Il existe une dizaine de types de récepteurs nicotiniques, dont bêta 2 et alpha 7 ; ils sont tous activés à la fois par un neurotransmetteur endogène, l’acétylcholine, et la nicotine. Depuis des années, l’équipe de Jean-Pierre Changeux étudie le rôle de ces récepteurs dans l’acquisition de la dépendance tabagique et dans diverses fonctions cognitives.

Lorsque l’on fume une cigarette, la nicotine stimule les récepteurs nicotiniques sur les neurones dopaminergiques de l’aire tegmentale ventrale (ATV), entraînant une augmentation de l’activité de ces neurones et la sensation de plaisir associée. Cette sensation est liée à des profils d’activation spécifiques des neurones dopaminergiques. Dans leur nouvelle étude, conduite chez la souris, les chercheurs montrent que cette réponse à la nicotine est due à un type de récepteur, le type ß2 ; surtout, ils montrent aussi que, hors de la présence de nicotine et sous l’action de l’acétylcholine endogène, ces mêmes récepteurs augmentent l’apparition de ces profils spécifiques. Ils participeraient donc aussi à la gestion quotidienne de nos émotions et de nos plaisirs.

Ce travail souligne l’intérêt de ß2 en tant que cible pharmacologique non seulement dans la dépendance à la nicotine, mais aussi dans d’autres pathologies qui pourraient être liées à un défaut de l’activité de ces cibles cérébrales des neurones dopaminergiques de l’ATV, comme le syndrome d’hyperactivité.

Les chercheurs poursuivent leurs travaux avec l’exploration des effets de la nicotine dans l’ATV, zone cruciale de la dépendance aux drogues.

Monica Mameli-Engvall et coll. « Neuron », 15 juin 2006.

Le Quotidien du Mdecin

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7980