LA MISE AU POINT d'une stratégie de thérapie cellulaire de la maladie de Huntington progresse. Une équipe française est en effet parvenue à établir un protocole permettant l'obtention de cellules thérapeutiques à partir de cellules souches embryonnaires humaines. Greffées dans le cerveau de rats malades, ces cellules achèvent leur différenciation pour devenir d'authentiques neurones du striatum. Un problème majeur reste cependant à résoudre avant de pouvoir envisager d'utiliser cette stratégie thérapeutique chez l'humain : les cellules greffées ont fâcheusement tendance à proliférer plus que nécessaire.
La thérapie cellulaire de la maladie de Huntington est expérimentée chez l'homme depuis près de huit ans. Les essais cliniques en cours testent l'efficacité de greffes intracérébrales de neurones foetaux. L'idée est d'utiliser ces cellules pour restaurer la structure du striatum des patients. Les résultats jusqu'ici observés sont plutôt encourageants. Un bénéfice clinique significatif, qui se traduit par une régression des mouvements involontaires, un accroissement de la vitesse des mouvements volontaires, ainsi qu'une préservation ou une amélioration des capacités d'attention et de planification, a été observé chez plusieurs malades greffés.
Cependant, un problème technique se pose : celui de la source de cellules thérapeutiques. Les cellules foetales actuellement utilisées sont rares, et on ne sait pas les multiplier in vitro.
Une source idéale de cellules thérapeutiques.
C'est la raison pour laquelle l'équipe d'Anselme Perrier (UMR861 INSERM/UEVE, I-STEM, Évry) s'est intéressée au potentiel des cellules souches embryonnaires. Ces cellules étant capables de se multiplier à l'infini et de se différencier en n'importe quel type cellulaire, elles semblent constituer une source idéale de cellules thérapeutiques.
Les chercheurs ont développé un protocole qui permet d'obtenir la différenciation des cellules souches embryonnaires humaines en précurseur des neurones du striatum. Ces cellules ont ensuite été transplantées dans le système nerveux de rats modélisant la maladie de Huntington.
Trois mois après la greffe, l'autopsie des animaux a montré qu'une proportion importante des cellules greffées avaient achevé leur différenciation pour devenir des neurones matures.
Malheureusement, ces autopsies ont également révélé que les cellules thérapeutiques se multiplient de manière incontrôlée une fois transférées. Des « astuces » visant à prévenir cette surprolifération devront donc être développées pour pouvoir utiliser cette stratégie thérapeutique chez l'humain.
L. Aubry et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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