Renommée pour sa place bancaire – et parfois montré du doigt pour son côté sulfureux en cette période de chasse aux paradis fiscaux – Luxembourg est une capitale fort agréable à vivre. Dans la vieille ville, on s’attarde volontiers dans ces quartiers aux ruelles étroites aux pavés disjoints et aux maisons d’époque. Tout
à coup, on débouche sur une curiosité locale : « l’ilot gastronomique » : cinq restaurants différents qui offrent une restauration haut de gamme. Sur la façade de l’un d’eux, une ferme affirmation gravée en luxembourgeois: « Nous voulons rester ce que nous sommes », qui démontre bien la fierté de ce petit pays qui suscita de multiples convoitises.
D’où, bien sûr, une architecture militaire avec une forteresse que Vauban aménagea et le rocher du Bock aux fameuses casemates taillées dans les rochers de la ville sur 23 kilomètres de galeries souterraines – aujourd’hui ramenés à 17 – que l’on visite longuement, quitte à se perdre (un peu) dans ce dédale qui offre des ouvertures originales sur la ville.
Outre la Philharmonie, belle réussite de l’architecte français Christian de Portzamparc où sont donnés de très nombreux concerts et le MUDAM, autrement dit le musée d’art moderne construit par l’architecte sino-américain du Louvre, Pei, le Luxembourg dispose aujourd’hui d’une exposition qui, à elle seule justifie le voyage. Il s’agit de « The Family of Man » installé dans le château médiéval de Clervaux, au nord du pays.
À l’origine, un homme, Edward Steichen, né en 1879, photographe d’origine luxembourgeoise dont la famille a émigré aux Etats-Unis. Son idée, en pleine guerre froide, dans les années 1950 était de monter une exposition de photos montrant toutes les facettes de l’Humanité. Un appel international lui permit de recevoir 4 millions de clichés en noir et blanc de professionnels comme d’amateurs. Un premier tri lui permit d’en conserver 10 000 puis, dans son ultime sélection, d’en sélectionner 503 de 273 auteurs originaires de 68 pays. Avec des clichés de Capa, Cartier-Bresson, Doisneau, ou encore Willy Ronis, August Sander, Ansel Adams….
Présenté pour la première fois en 1955 au Musée d’Art Moderne de New York (MoMa) ce manifeste pour la paix et l’égalité des hommes tourna ensuite dans 150 musées à travers le monde et attira plus de 10 millions de spectateurs. En 1994, Steichen souhaita que cette expo s’installe définitivement au Luxembourg, au château de Clervaux, château du XIIe siècle détruit pendant la bataille des Ardennes et reconstruit dans les années 1950. En 2003, l’exposition, devenue légendaire, fut inscrite au registre de la mémoire du monde de l’Unesco. Toutefois, il se révéla nécessaire d’entreprendre en 2010 la restauration des images (sans toucher au tirage d’origine) et de leur donner une scénographie plus en adéquation avec l’époque. Le 5 juillet dernier, l’exposition a donc rouvert ses portes. Et l’on peut dire que c’est une réussite totale.
36 thèmes pour l’Humanité
Dans cette nouvelle ambiance, le dialogue entre les images se révèle particulièrement judicieux. Qu’elles soient esthétiques, pleines de vie, émouvantes ou encore drôles ou violentes. La présentation des photos graphies est intimement liée au contenu de l’image. Les 36 thèmes retenus (le mariage, l’enfance, le travail, la famille, le repas…) s’articulent de façon fluide et donnent une ambiance gaie et vivante qui happe le regard du visiteur.
Dans certains cas, une seule grande image au mur, dans d’autres plusieurs plus petites, ou encore surélevées pour les faire flotter au-dessus du sol, ou sur un présentoir en forme de demi-cylindre. Sur l’ultime photo de l’expo, représentant un petit garçon et une fillette se tenant par la main, on lit cette phrase empruntée à Saint-John Perse : « a world to be born under your footsteps ». Le catalogue de ces 503 photos permet, longtemps après, de rester dans l’ambiance de ce moment d’exception au cœur de l’Humanité. Une réussite totale.
www.visitluxembourg.com et www.steichencollection.lu
La Luxembourg Card – qui s’achète pour un, deux ou trois jours – permet d’utiliser les transports en commun et de visiter gratuitement une soixantaine de sites dans tout le pays et même certains en Allemagne et en France.
Ce qui correspond bien à la démarche engagée par quatre villes aux atouts touristiques très différents et variés : Luxembourg, Metz, Saarbrücken et Trèves pour constituer la Quattropole ou encore « La grande région » au cœur de l’Europe, et qui permet de visiter dans la continuité ces différents lieux relativement proches
- autour d’une heure de voiture - même s’ils sont dans trois pays différents.
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