La France a un plan national nutrition-santé (PNNS), mais dépourvu de volet insertion, et un plan national de lutte contre l'exclusion, mais sans volet alimentaire. Avec la charte alimentation et insertion, ces deux lacunes sont en passe d'être comblées d'un coup. La méthode Versini, pour y arriver, est novatrice, comme l'assure elle-même la secrétaire d'Etat à la Lutte contre la précarité et l'exclusion : faire plancher ensemble, d'une part, les grandes associations qui fournissent repas et/ou colis à 2 500 000 précaires (banques alimentaires, Restos du coeur, Secours catholique et populaire, Croix-Rouge française...) et, d'autre part, les professionnels de l'agroalimentaire comme l'ANIA (industries alimentaires), la FCD (commerce et distribution), l'UMIH (hôteliers-restaurateurs).
Trois actions
Le résultat, c'est le Pacte, conclu autour du principe d'accès pour tous à une alimentation saine et équilibrée. Trois actions vont s'ensuivre :
- La formation des bénévoles des grands réseaux associatifs devrait concerner avant la fin de l'année 400 maîtres formateurs dans huit métropoles régionales (Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Rennes et Paris) ; ceux-ci seront chargés d'initier à la culture du bien-manger les 10 000 bénévoles du secteur. Pour soutenir ce travail pédagogique à grande échelle, un calendrier a été élaboré autour de recettes attractives, simples et économiques, prétexte à ouvrir le dialogue entre ceux qui distribuent et ceux qui reçoivent l'aide alimentaire.
- Le renforcement et le développement qualitatif des collectes alimentaires sera entrepris grâce à l'engagement passé par la Fédération du commerce et de la distribution pour réaliser des menus équilibrés, selon les préconisations retenues dans le programme de formation.
- L'opération « Un restau pour deux », destinée à recréer le lien social autour de l'alimentation, devrait permettre à des personnes en parcours de réinsertion d'inviter un convive de leur choix dans un restaurant où elles redécouvriront les plaisirs de la table et renoueront des liens altérés par les mauvais coups de la vie.
En marge du pacte, le Pr Gilles Brücker a donné le coup d'envoi d'une vaste étude d'évaluation qui va être menée par l'Institut de veille sanitaire (InVS) en partenariat avec les acteurs associatifs, pour tracer le profil des populations ayant recours à l'aide alimentaire et fournir à son sujet des indicateurs anthropométriques, biologiques et médicaux. Les résultats seront connus en 2004 et permettront de mieux ajuster les formations des bénévoles et l'action des associations.
L'ensemble des dispositions contenues dans le pacte ne concernent pas directement les personnes en situation de grande exclusion, parfois réfractaires à la fréquentation des centres d'hébergement d'urgence. Or, souvent, ces personnes sans abri ne s'alimentent pas suffisamment alors que leurs besoins énergétiques sont augmentés par les conditions de vie à la rue (manque de sommeil, importante activité physique liée à la marche, exposition aux températures extrêmes, tabagisme et imprégnation alcoolique).
C'est à leur intention qu'une chercheuse de l'INSERM, Nicole Darmon, docteur en nutrition, vient de mettre au point le premier aliment de la rue : une pâte chocolatée naturellement riche en potassium et en acides gras essentiels, enrichie avec des nutriments connus pour être déficitaires dans l'alimentation des sans-abris (calcium, zinc, vitamines C, D, E, B1, PP et B9). Elaborée à partir des produits de sevrage utilisés pour combattre la malnutrition infantile, en particulier dans les pays d'Afrique, cette pâte chocolatée a fait l'objet de deux études d'acceptabilité au sein de huit structures d'urgence parisiennes (31 000 sachets distribués pendant l'hiver 2001 et l'été 2002), les deux tiers des personnes interrogées se disent prêtes à consommer régulièrement ce produit.
Validé par l'AFSSA (Agence de sécurité sanitaire des aliments) et par la DGCCRF (direction de la Concurrence et de la Consommation), fabriqué par la société Nutriset, spécialisée dans les aliments thérapeutiques*, Vita-Poche sera commercialisé fin octobre sous forme de sachets de 70 g, consommables tels quels, dilués dans l'eau chaude ou tartinés. C'est la première fois au monde, semble-t-il, que va être diffusé un produit spécifiquement conçu pour les sans-abris, qui permet de combler leurs déficits vitaminés et minéraux à raison d'un sachet consommé chaque jour.
www.nutriset.fr, tel :02.32.93.82.82. Vente uniquement au secteur de l'aide alimentaire et des soins d'urgence.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature