Un OVNI nommé Tito

Publié le 25/04/2001

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ZENON

Nous évoquions, il y a quelques semaines, le rêve fou de ce milliardaire américain, Dennis Tito, qui voulait renflouer la station Mir en payant - grassement - les Russes pour aller y passer quelques jours et réaliser son rêve d'apesanteur. Las ! Mir était définitivement condamnée et finit, comme on le sait, dans l'océan Pacifique sud.
Mais les 20 millions de dollars étaient toujours dans le panier, et notre homme - certes, il a 60 ans, mais est un ancien ingénieur de la NASA - avait réussi son entraînement à la Cité des étoiles, près de Moscou. En tout cas, les Russes ont bien évidemment déclaré « bon pour le service » un homme pesant aussi cher ! Puisqu'ils sont maintenant engagés avec la NASA dans la construction de la station spatiale internationale, pourquoi ne pas embarquer Tito lors de la prochaine mission de routine - dite « taxi » - visant à remplacer le Soyouz de sauvetage qui doit être changé tous les six mois ?
Ce sera chose faite ce samedi 28 avril, avec les cosmonautes Talgat Mousabaïev et Youri Batounine, qui s'envoleront de la base de Baïkonour avec un Dennis ravi qui n'aura d'autre chose à faire qu'à bayer aux comètes et transmettre sur terre ses commentaires par Internet (nul doute qu'il va les commercialiser et se rembourser un peu !). Pour faire sérieux, les Russes l'ont bombardé « responsable des communications ».
Au grand dam de la NASA, qui digère mal que son ancien employé préfère s'envoler du Kazakhstan pour faire la publicité de l'ISS, plutôt que du cap Canaveral ! Les Américains ont tout fait pour que Tito ne soit pas du voyage, mais ces vingt millions de dollars ont causé une première, au centre d'entraînement de Houston, où les deux cosmonautes russes avaient fait la seule journée de grève pour raisons spatiales. Quelque temps plus tard, un responsable de l'agence russe menaçait de « détruire la station internationale en détachant le module Zverzda » (cf. « Libération » du 21/22-04).
La NASA a dû se soumettre, les Russes ont montré que leur technologie et leur coopération étaient indispensables et, ce samedi, Dennis Tito pourra jouer les touristes, réalisant ainsi les vœux de la NASA qui, pour soutirer de l'argent au Congrès, a toujours vanté la prochaine privatisation de l'espace. Les Russes se sont montrés plus entrepreneuriaux : nul doute qu'après Tito, nombre de milliardaires vont vouloir aller jouer sur CosmoWorld !

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