LA BPCO, la plus fréquente des maladies respiratoires, affecte entre 5 et 10 % de la population adulte dans les pays développés. Elle est en passe de devenir, d’ici à 2020, la troisième cause de mortalité et la cinquième cause de handicap dans le monde. En France, la Bpco touche 2 à 4 millions de personnes, 17 000 en meurent chaque année à la suite de ses complications et, dans les formes évoluées, au stade d’insuffisance respiratoire, près de 100 000 personnes doivent recevoir de l’oxygène. Pathologie encore trop souvent méconnue (deux patients sur trois ne sont pas diagnostiqués) et dont la prise en charge est trop tardive, la Bpco évolue à bas bruit et de façon irréversible.
La mesure du souffle.
Le symptôme clinique d’alerte qu’est la dyspnée apparaît lorsque la fonction respiratoire, en particulier le volume expiratoire maximal pendant la première seconde d’expiration forcée (Vems), est déjà dégradée ; mais le patient néglige facilement ce signe auquel il s’adapte progressivement et qu’il attribue volontiers à l’âge.
Le diagnostic précoce ne peut se faire qu’à partir de l’évaluation des facteurs de risque : le tabagisme, de loin la cause principale de la Bpco, mais également d’autres facteurs connus, comme l’exposition professionnelle à différents polluants, tels que les gaz toxiques, les solvants, les poussières de silice...
La mesure du souffle est le seul moyen de détecter précocement une obstruction bronchique, quelle qu’en soit la cause et, en cas de doute, d’orienter le patient vers le spécialiste. Dans sa pratique quotidienne, le médecin doit garder à l’esprit la grande fréquence de la Bpco devant tout fumeur ou ex-fumeur de plus de 40 ans, avec ou sans dyspnée, dont l’antécédent tabagique est de plus de dix paquets–années, ou devant tout sujet ayant exercé en milieu professionnel à risque, sachant par ailleurs que, dans une proportion non négligeable de cas, les sujets qui ont une obstruction détectable ne se plaignent d’aucun symptôme.
Le dépistage précoce doit pouvoir être assuré par différents acteurs de soins. En premier lieu, les médecins généralistes, mais également les médecins du travail, qui assurent des visites médicales périodiques et qui connaissent les risques spécifiques auxquels sont exposés les individus. De même qu’ils contrôlent la pression artérielle, ils devraient pouvoir intégrer la mesure du souffle dans leur examen clinique, en utilisant un spiromètre électronique, tel que le peak-flow électronique (Piko-6). Cet appareil permet d’évaluer le Vems (volume expiratoire par seconde), le volume expiratoire maximal à 6 secondes (mesure proche de la capacité vitale) et le rapport Vems/VEM6 (V1/V6), équivalent très proche du rapport de Tiffeneau.
Si le rapport Vems/VEM6 est normal (> 0,8), il n’y a vraisemblablement pas d’obstruction bronchique ; si ce rapport est inférieur à 0,7, l’obstruction bronchique est probable et doit être confirmée par des épreuves fonctionnelles respiratoires ; s’il se situe entre 0,7 et 0,8, il y a un doute. Dans ce cas, l’âge doit être pris en compte, néanmoins, toute anomalie évoquant la possibilité d’un trouble obstructif doit conduire à orienter le patient vers un pneumologue qui pratiquera une spirométrie complète avec test de réversibilité, pourra porter un diagnostic précis et proposer une prise en charge adaptée.
Une formation spécifique.
Il est également possible de faire participer les membres du personnel paramédical et d’autres spécialistes au dépistage de la Bpco, notamment les cardiologues, qui voient des fumeurs ou des ex-fumeurs dans leurs consultations.
Cependant, la mesure du souffle obéit à des règles précises, notamment pour la réalisation technique de la mesure. Une formation spécifique intensive préalable de tous les acteurs du dépistage est indispensable pour obtenir une bonne reproductibilité de la mesure et des résultats fiables.
10e Congrès de pneumologie de langue française. Une réunion de presse Boehringer Pfizer. Communication du Pr Christian Préfaut (Montpellier).
Les réponses à la Bpco
Outre l’arrêt du tabagisme, qui reste la seule mesure susceptible de ralentir la détérioration de la fonction respiratoire chez les fumeurs, « c’est finalement une combinaison d’actions pharmacologiques et extrapharmacologique (réhabilitation à l’effort) qui va permettre d’obtenir un soulagement des symptômes, une amélioration de la tolérance à l’exercice et de la qualité de vie, et, enfin, de prévenir les complications », souligne le Dr Nicolas Roche (Paris).
Les bronchodilateurs sont le principal traitement symptomatique des Bpco. La voie inhalée est la voie d’administration privilégiée, car elle a un meilleur rapport effacité/tolérance. Les deux classes de bronchodilatateurs inhalés sont les bêta 2-mimétiques de courte ou de longue durée d’action et les anticholinergiques.
L’association de la corticothérapie inhalée facilitée par la mise à disposition de combinaison fixe (bêta 2-mimétiques de longue durée d’action + CSI) se justifie lorsque les thérapeutiques précédentes sont insuffisamment efficaces, dès le stade IIb.
Cet arsenal thérapeutique devrait prochainement s’enrichir du premier anticholinergique de longue durée d’action, le bromure de tiotropium, qui agit par blocage spécifique du récepteur M3. Ce nouvel anticholinergique, déjà commercialisé dans plusieurs pays, a fait l’objet de nombreuses études cliniques qui ont confirmé son efficacité sur la distension statique et dynamique, et, donc, la dyspnée, sur la tolérance à l’exercice, la réduction de la fréquence des exacerbations et sur la qualité de vie.
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Symposium Boehringer Pfizer présidé par les Prs Ph. Godard (Montpellier) et Yan Martinat (Lyon).
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