La route
La mortalité et la morbidité de la première partie de la vie sont dues aux traumatismes graves. Les accidents de la route en sont la cause principale. Dans le monde, 1,2 million de personnes meurent chaque année sur les routes. On constate depuis plusieurs années une diminution de la mortalité routière dans les pays industrialisés. Au cours des 39es Journées d'enseignement postuniversitaire organisées par le département d'anesthésie-réanimation de la Pitié-Salpêtrière, le Dr Davis (hôpital Edouard-Herriot) a fait le point sur l'évolution récente des traumatismes en France. Depuis quatre ans, les baisses du nombre d'accidents de la route et du nombre des victimes sont plus marquées en France que dans les autres pays européens. Le Dr David a présenté l'expérience de l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon. Entre 2002 et 2004, une diminution de 28 % des admissions en salle de déchocage a été constatée. La cause principale est la baisse des admissions à la suite d'un accident de la route, la fréquence des autres causes de traumatismes (chutes, plaies par armes…) restant stable.
Les accidents impliquant un piéton, les plaies par arme à feu et les chutes d'un lieu élevé sont responsables des traumatismes les plus graves et de la mortalité la plus élevée.
Formation
Pour le Dr David, la réduction du nombre des traumatismes graves observée ces dernières années impose une réflexion sur les modalités de formation pour les praticiens impliqués dans cette activité (médecins urgentistes, anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens, infirmier[ère]s). En effet, à la diminution du nombre de patients traumatisés se combine le développement de techniques, comme l'embolisation évitant le recours à la chirurgie. Il en résulte une réduction de l'expérience acquise par les équipes. La création de réseaux régionaux assurant la prise en charge des traumatisés graves et leur transfert vers des centres spécialisés disposant d'équipes expérimentées et des ressources matérielles et humaines semble être une réponse d'avenir. Le Dr Vivien (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris) a fait le point sur la pertinence des outils d'évaluation de la gravité du traumatisme. Ces scores qui proviennent principalement des Etats-Unis ont pour objectif soit une évaluation de la gravité pour prédire la mortalité, soit le triage des patients pour définir la structure la plus adaptée. Il existe des scores physiologiques utilisant des critères cliniques (Glasgow, Revisited Trauma Score, Crams), les scores anatomiques qui apprécient le traumatisme en fonction des lésions anatomiques (Abreviated Injury Score, Injury Severity Score, Anatomic Profile, Injury Impairment Scale), et enfin le Triss et l'Ascot qui sont fondés sur le calcul de probabilité de survie. Leur application à la traumatologie française n'est pas optimale. En effet, le système américain se caractérise par une réanimation préhospitalière très limitée et le décès de ces patients à l'extérieur de l'hôpital n'est pas pris en compte dans les statistiques américaines. En revanche, la prise en charge médicalisée extrahospitalière par les Samu permet la survie de patients en état très critique, mais qui décèdent précocement à l'hôpital. Un algorithme d'analyse désormais appelé « algorithme de Vittel » a été élaboré pour répondre aux pratiques nationales à partir d'un outil américain auquel ont été incorporées des données sur l'évaluation sur les polytraumatisés et les éléments de réanimation préhospitalière.
Fichier
Enfin, le Pr Freysz (hôpital du Bocage, Dijon) a présenté les résultats préliminaires du fichier français des traumatisés graves. En février 2007, 2 722 patients ont été inclus dans cette étude dont l'objectif est de décrire les caractéristiques de la prise en charge des traumatisés graves avant et pendant leur hospitalisation. Les critères d'inclusion sont les patients de plus de 18 ans présentant un traumatisme fermé et nécessitant une hospitalisation en réanimation dans les 72 heures suivant le traumatisme. Les résultats préliminaires (13 centres dont 3 en région parisienne) montrent que 62 % des traumatismes sont dus à des accidents de la voie publique (AVP), et 38 % résultent d'autres causes (agression, chute, etc.). Une forte majorité d'hommes est retrouvée (76 %) avec une forte prédominance d'hommes jeunes. Les voitures sont majoritairement impliquées dans ces AVP (53 %) et dans une moindre mesure les deux-roues (36 %) et les vélos (7 %). Les accidents domestiques, le sport et les loisirs représentent 74 % des accidents hors AVP. Les décès sont observés pour 28 % avant l'admission en réanimation et à 72 % en réanimation et surviennent en moyenne au 4e jour. Toutefois, deux pics de décès sont constatés : un premier à J1 et un deuxième entre le 5e et le 10e jour.
D'après les conférences des Drs David, Vivien et Freysz lors des 39es Journées d'enseignement postuniversitaire organisées par le département d'anesthésie-réanimation de la Pitié-Salpêtrière, Paris.
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