EN OUVERTURE de la conférence (1), Eric Lepage , directeur du projet système information patient à l’Assistance publique Hôpitaux de Paris (AP-HP), a présenté les grandes lignes du nouveau système d’information, actuellement en train d’être mis en place dans les établissements parisiens. «L’objectif principal est de transformer un outil informatique, globalement vécu comme très administratif, en un véritable système d’information dédié à l’acte médical et aux soins. Le deuxième objectif est le partage d’une information sécurisée transmise de manière fiable et traçable. Aujourd’hui, au sein de l’AP-HP, l’information circule assez peu dans les établissements. Elle reste relativement cloisonnée dans les services, au niveau de chaque spécialité», a souligné Eric Lepage.
Le Dr Alain Livartowski (institut Curie) a, lui, évoqué le dossier communicant de cancérologie (DCC) et sa mise en place en Ile-de-France. «Si l’on veut communiquer de manière efficace, il faut un seul DCC pour la région. Surtout, ce DCC doit être facilement accessible. La particularité de la prise en charge du cancer est qu’elle ne repose jamais sur un seul médecin, ni sur un seul établissement. La prise en charge est toujours partagée entre plusieurs professionnels de santé à l’hôpital et en ville. Et le DCC est l’outil qui va permettre à ces professionnels de se partager l’information», a souligné le Dr Livartowki.
DMP : un pouvoir fédérateur.
Invité à faire un premier bilan de l’expérimentation du dossier médical personnel (DMP), Dominique Coudreau, président du Groupement d’intérêt public (GIP) chargé de la mise en oeuvre de ce dossier, s’est d’abord félicité du «formidable pouvoir fédérateur» de ce projet. «Dans l’univers un peu individualiste de la santé, on constate un désir fort de parler tous la même langue», a-t-il souligné, avant de faire une petite mise au point. «Au départ, lorsque nous avons lancé le projet, nous avons entendu certains commentaires un peu réticents sur notre supposé manque d’ambition. Certains disaient que les sommes investies dans le DMP par les Anglais étaient bien largement supérieures aux nôtres. Nous sommes donc allés voir sur place, en Angleterre, et nous nous sommes rendu compte que les sommes évoquées étaient en fait l’addition de celles investies sur le DMP proprement dit et celles destinées aux infrastructures pour la circulation de l’information au sein du NHS (National Health Service).»
Six mois d’expérimentation.
En France, le DMP va être expérimenté d’avril à septembre prochain sur 17 sites répartis sur 13 régions par 6 consortium d’industriels. «Six mois d’expérimentation, c’est extraordinairement court. Mais ces six mois vont nous permettre d’apprendre beaucoup de choses sur le plan technique et surtout sur l’appropriation de cet outil par les professionnels de santé, ce qui est fondamental. L’expérimentation va aussi nous permettre de mesurer la satisfaction des patients, l’impact du DMP sur la pratique médicale, ainsi que la qualité des services assurés par les hébergeurs», a souligné Dominique Coudreau.
Secrétaire générale de l’Agence régionale de l’hospitalisation de l’Ile-de-France (Arhif), Maryse Lépée a pour sa part souligné que le véritable enjeu du DMP n’était pas d’ordre technique. «Le plus important est l’impact qu’il aura sur l’organisation hospitalière. Il est essentiel que le DMP devienne un outil de travail quotidien, partagé entre les professionnels de la ville et de l’hôpital», a-t-elle souligné.
Représentants des usagers au sein de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris et ancien président de l’association Aides - Ile-de-France, Tim Greacen a enfin présenté les résultats d’une enquête internationale sur l’opinion des usagers concernant le dossier médical informatisé (DMI). Publiée en novembre 2005 par l’association britannique « Patient View », cette enquête a porté sur 208 questionnaires émanant de 105 associations de patients ou d’usagers réparties en Europe ou aux Etats-Unis. «Plus de la moitié des usagers, ayant répondu à ces questionnaires ont une opinion plutôt favorable au DMI. Les autres sont soit inquiets, soit indécis ou ne se sentent pas concernés (principalement dans les pays pauvres)», a expliqué Tim Greacen. Parmi les points positifs cités par les usagers, à propos du dossier informatisé, figurent le fait d’avoir une information disponible 24 h/24 partout dans le monde, ainsi qu’une histoire médicale individuelle complète et moins de risques d’erreurs et d’accidents médicaux. Les inquiétudes portent principalement sur la perte de confidentialité (VIH, psychiatrie...), le risque de discriminations ou un contrôle social et une perte des libertés.
(1) Conférence « Système d’information santé : un outil performant de partage de l’information médicale au service du patient », organisée par l’AP-HP, l’Arhif, le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) Ile-de-France et l’Union régionale des médecins libéraux (Urml).
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