JOHN ADAMS n'est plus en France un compositeur confidentiel. Ses opéras et oratorios « Nixon en Chine » (1987), « El Niño » (2000), « La Mort de Klinghoffer » (1991) ont été présentés respectivement à Bobigny, à Paris et à Lyon. Tous sont enregistrés et réédités à prix « spécial » par Nonesuch/Warner ainsi que la quasi-totalité de son œuvre symphonique (1).
Parution récente aussi de « Road Movies », pièce pour violon créée en 1995, qui n'égale en rien, loin de là, son formidable « Concerto pour violon ». Ce CD est complété par quatre œuvres de la même époque : « Hallelujah Junction », « China Gates », « American Berserk » et « Phtyrian Gates », déjà des classiques de la musique répétitive (2).
Signalons que « El Niño » a déjà paru sur DVD dans la production de la création en 2000 au Théâtre du Châtelet par Peter Sellars et Kent Nagano (3).
Un livre aussi, première biographie en langue française du compositeur, paraît en même temps et situe bien le compositeur dans le courant minimaliste et en général dans l'histoire de la musique nord-américaine de la fin du XXe siècle (4).
Mais l'événement qui touchera, on l'espère, le plus large public, c'est l'édition sur DVD de son opéra « La mort de Klinghoffer », sur un livret d'Alice Goodman, inspiré de la prise d'otages, à l'issue tragique, sur le paquebot italien « Achille Lauro » en Méditerranée en 1985. Un passager handicapé juif-américain avait été assassiné par les terroristes au nom de revendications sur le sort de la Palestine. Le film, commande de la chaîne britannique Channel 4, réalisé par la Britannique Penny Woolcock, s'inspire de la mise en scène de la création par l'Américain Peter Sellars avec qui John Adams a collaboré pour tous ses opéras. La réalisation mélange un film de l'action de l'opéra dans sa version scénique, réalisé en Méditerranée avec un réalisme stupéfiant et des fausses images d'archives retraçant une vie antérieure et postérieure inventée à certains personnages, notamment les terroristes. Des flash-back montrent le début de la colonisation de la Palestine par les Israéliens. C'est une première absolue dans l'histoire de l'opéra filmé, certes très politiquement orientée, mais d'emblée une réussite totale. L'ensemble se regarde comme un film avec un suspens qui prend le spectateur dès les premières images et ne le lâche jamais.
Tous les interprètes sont exceptionnels et particulièrement Sanford Dean (Klinghoffer) et Tom Randle (Molqi, chef des terroristes palestiniens). C'est le compositeur qui dirige sa partition, on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même !
Signalons à ceux que la musique contemporaine effraye, que celle composée en Amérique, contrairement à l'Europe, ne bénéficie d'aucune subvention publique. Le corollaire étant qu'aucun musicien américain ne peut se permettre de composer une musique propre à faire fuir le public. La faillite s'en suivrait ! En clair, il s'agit d'une musique très mélodique et facilement abordable.
Lors de sa création américaine, en pleine guerre du Golf, « Klinghoffer » suscita une polémique confinant au scandale. Aujourd'hui l'œuvre est en passe d'être un classique du XXe siècle, ce à quoi la diffusion grâce à ce formidable film, véritable opéra-vérité, devrait donner un bon coup de pouce (5).
1) 11 coffrets séparés Nonesuch/Warner Classics France.
2) 1 CD Nonesuch/Warner Classics. DDD.
3) 1 DVD Arthaus/Intégral. Format 16/9. Durée : 120 min. Sous-titrage en 4 langues.
4) Acte Sud. 157 pages.
5) 1 DVD Decca/Universal. Format 16/9. Durée : 147 min. Sous-titrage en 5 langues.
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