LA FINLANDAISE Kaija Saariaho (née en 1952) n’a cependant pas renouvelé le miracle de finesse de composition de son « Amour de loin », créé à Salzburg en 2000. Le sujet n’est pas le même, on passe de l’amour courtois au Moyen Age aux horreurs des guerres contemporaines. L’orchestration de« Adriana Mater » est beaucoup plus lourde pour l’immense orchestre de l’Opéra de Paris déployé avec toutes les ressources possibles dans l’immense fosse de la Salle Bastille. Les choeurs qui ont été spatialisés par les spécialistes de l’Ircam sonnent de façon magnifique dans le grand vaisseau bastillan. Les solistes sont sonorisés pour passer au-dessus de ces flots de musique. On n’en est plus aux raffinements de l’opéra précédent qui mêlait savamment électroacoustique et mélodique. Le résultat est plus spectaculaire, certes, mais beaucoup moins musical. L’écriture vocale est moins raffinée, plus banale et le livret d’Amin Maalouf n’y est pas pour rien. Mais l’oeuvre a un impact qui convient au sujet et elle prouve que l’on peut écrire aujourd’hui encore un opéra sur un sujet actuel sans tomber dans la sinistrose comme ce fut le cas avec toutes les créations des commandes passées aux compositeurs français lors de ces dernières saisons.
Peter Sellars a réalisé une mise en scène très simple, lisible, sans idées incongrues ni provocatrices, au risque de friser parfois la banalité. Le décor très esthétique de George Tsypin avec ses terrasses de maisons à coupoles translucides, puis leurs ruines après la guerre est terriblement efficace, grâce aussi aux éclairages de James Ingalls.
La distribution, un peu inutilement internationale en ce qu’elle était quasiment incompréhensible sans le surtitrage, a cependant réussi à donner à ces personnages le relief que les costumes très banals de Martin Pakledinaz leur refusaient : Patricia Bardon et Solveig Kringelborn pour les femmes, Gordon Gietz et Stephen Milling pour les hommes.
Le chef finlandais Esa-Pekka Salonen, avec qui l’Orchestre de l’Opéra de Paris semble vivre une belle histoire après leur inoubliable « Tristan » de l’an dernier, a mené avec beaucoup de finesse et d’énergie cette oeuvre qui devrait, après cette création parisienne, faire une belle carrière internationale.
Opéra de Paris : 0.892.89.90.90 et www.operadeparis.fr les 10, 12, 15, 18 avril à 20 h. Prix des places : de 5 à 130 euros. Diffusion sur France Musique le 3 juin à 19 h 30.
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