L'ÉQUIPE du centre de recherche INSERM U897 Épidémiologie et biostatistique a réalisé une étude dans le cadre de la « Cohorte des trois cités »* : 1 390 personnes âgées en moyenne de 75 ans ont accepté de se soumettre à une prise de sang. On a mesuré pour chacun d'eux le profil plasmatique en 12 acides gras. Puis des questionnaires menés par des psychologues ont eu pour but d'identifier l'existence de troubles dépressifs et leur degré de sévérité.
Après confrontation des deux types de données, l'acide eicosapentaénoïque (EPA) a retenu l'attention des chercheurs. Il est présent en plus faible concentration chez les individus souffrant de dépression, tandis que des taux élevés sont trouvés chez les volontaires n'ayant aucun problème dépressif.
«En d'autres termes, de forts taux d'EPA semblent associés à une moindre fréquence des symptômes dépressifs.»
En outre, des taux élevés d'EPA semblent aussi associés à une moindre sévérité des symptômes. Les chercheurs ont individualisé les personnes prenant des antidépresseurs, et trouvé des résultats concordants : une teneur sanguine élevée en EPA est inversement proportionnelle à la sévérité des symptômes dépressifs.
Le fonctionnement et les différents rôles de l'EPA sont encore mal connus. Une hypothèse est que cet acide gras polyinsaturé joue un rôle dans les mécanismes neuronaux. Éventuellement, il pourrait aussi intervenir sur l'efficacité des traitements antidépresseurs, ce qui reste à vérifier.
«Il reste encore aujourd'hui à comprendre les mécanismes et à démontrer une relation de cause à effet entre les deux phénomènes», indiquent les chercheurs, qui vont poursuivre leurs investigations dans le cadre d'études longitudinales. En parallèle, ils étudieront l'influence de l'alimentation sur le déclin cognitif. C'est l'objet du projet COGINUT (financé par l'Agence nationale de la recherche, coordonné par Pascale Barberger-Gateau, en partenariat avec d'autres équipes de recherche à Bordeaux et à Montpellier).
Alimentation riche en poisson.
«En attendant, les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) sont toujours d'actualité.» Consommer des acides gras oméga 3 via une alimentation riche en poisson est d'autant plus important chez les personnes âgées qu'en vieillissant la synthèse d'EPA et de DHA à partir des précurseurs devient moins efficace.
Les acides gras oméga 3 à longue chaîne sont essentiels car l'organisme ne sait les fabriquer qu'en quantité limitée à partir de leurs précurseurs apportés par les huiles végétales (huile de colza, noix et soja). Ils sont présents en grandes quantités dans les poissons gras : saumon, thon, maquereau, sardine…
* Une cohorte de 9 294 personnes âgées de 65 ans et plus, suivies longitudinalement à Bordeaux, Dijon et Montpellier.
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