Quatre heures du matin. Un jeune Britannique de 21 ans est brutalement réveillé par des difficultés respiratoires, une gêne à la déglutition et une impression de boule au fond de la gorge. Inquiet, il décide de consulter aux urgences de l'hôpital le plus proche, où il arrive deux heures plus tard. D'une voix enrouée, accompagnée d'un stridor modéré, il explique son histoire. Vers minuit, dans une discothèque, il a fumé du « crack » (de la cocaïne) et pris un comprimé d'ecstasy « superman ».
A l'examen, il se montre capable d'avaler sa salive et, si les constantes usuelles sont dans les normes, l'examen pharyngé découvre une luette largement enflée, mesurant environ 2 x 3 cm. Un traitement est aussitôt instauré par oxygénothérapie au masque, 200 mg d'hydrocortisone et 10 mg de chlorphénamine en intraveineux. Une fibroscopie laryngée confirme l'inflammation de la luette, avec un oedème s'étendant jusqu'au nasopharynx, à l'épiglotte et à la fossette glosso-épiglottique. Admis à l'hôpital, le patient se sauve quelques heures plus tard.
Si un suivi immédiat n'a pas été possible, le jeune homme a été recontacté en novembre dernier par les médecins afin d'obtenir l'autorisation de publier son cas. Ils ont ainsi obtenu de ses nouvelles. En bonne santé, il n'a jamais eu d'autre épisode de dyspnée.
Ce cas clinique, expliquent R. Macfarlane, J. Hart et J. A. Henry (Londres), peut servir d'exemple. Les médecins doivent évoquer la possibilité d'usage de drogue, particulièrement de « crack », devant un oedème de voies aériennes avec inflammation. Il faut préciser que la consommation de crack est en pleine expansion. Les « cristaux » de cocaïne sont chauffés dans un système de combustion, de fabrication artisanale, la « pipe à crack ». La drogue y est déposée dans un volume clos. La flamme d'un briquet suffit à porter la cocaïne à 200 °C, seuil de vaporisation. Reste à inhaler à travers un filtre.
La drogue chauffée à 200 °C
Outre l'effet direct de la vapeur très chaude et des gaz de combustion, des fragments désagrégés du filtre sont une source potentielle de lésion thermique, lorsqu'ils viennent au contact des tissus mous des voies aériennes supérieures, en commençant par la luette. Les auteurs mettent les praticiens en garde sur les effets anesthésique local et euphorisant de la cocaïne qui peuvent retarder la sensation de dyspnée. Avec un risque vital. Le tableau peut être complété de tachypnée, stridor, dysphagie, raucité de la voix et « bavement ».
Enfin, la cocaïne peut être utilisée en association avec d'autres substances, empêchant d'établir la relation entre la symptomatologie et la drogue.
« Lancet », vol. 359, 9 février 2002, p. 492.
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