JUSQU'A LA FIN des années 1990, le bénéfice d'une statine dans la prise en charge du patient diabétique de type 2 n'avait fait l'objet d'aucune étude spécifique. En effet, bien que le diabète de type 2 soit associé à une importante augmentation du risque de maladie cardio-vasculaire, le rôle du traitement hypolipémiant par les statines en prévention primaire de la maladie cardio-vasculaire chez les diabétiques restait mal défini. C'est pourquoi l'étude Cards (Collaborative Atorvastatin Diabetes Study) a été conduite, avec pour objectif d'évaluer l'efficacité et la tolérance de l'administration quotidienne de 10 mg d'atorvastatine (Tahor) versus placebo en prévention primaire sur la survenue d'événements cardio-vasculaires chez des patients diabétiques de type 2 avec un cholestérol normal ou modérément élevé et un autre facteur de risque cardio-vasculaire. Les patients inclus étaient des diabétiques de type 2, âgés de 40 à 75 ans, sans pathologie cardio-vasculaire avérée, qui avaient un LDL cholestérol inférieur ou égal à 1,60 g/l, des triglycérides inférieures à 6 g/l, et présentaient au moins un autre facteur de risque cardio-vasculaire (hypertension artérielle, rétinopathie, micro- ou macroalbuminurie, tabagisme actuel). Le protocole a consisté à administrer un placebo pendant six semaines à tous les patients inclus, puis à les randomiser en deux groupes : un groupe recevant du placebo et un groupe recevant de l'atorvastatine (10 mg par jour). Les patients ont été suivis à un, trois et six mois après la randomisation, puis semestriellement.
L'étude Cards avec un suivi médian de quatre ans.
Au total, 2 838 patients ont été randomisés, dont 1 410 dans le groupe placebo et 1 428 dans le groupe atorvastatine. Le suivi médian des patients a été de quatre ans. Le critère majeur d'évaluation de l'étude a été la survenue d'événements coronaires majeurs : accident coronaire aigu, revascularisation coronarienne ou AVC. Alors que la fin de cette étude était initialement prévue pour mi-2005, elle a été arrêtée deux ans plus tôt, sur recommandation du comité scientifique indépendant, après une analyse intermédiaire, en raison du bénéfice significatif observé dans le bras atorvastatine 10 mg.
Concernant les événements cardio-vasculaires majeurs, l'étude montre que l'atorvastatine 10 mg, après un suivi moyen de quatre ans, entraîne une réduction significative du risque relatif de 37 % (p = 0,001 ; 95 % IC : - 52 à - 17). L'analyse en sous-groupes montre une efficacité constante de l'atorvastatine indépendamment des taux lipidiques initiaux, du sexe et de l'âge. Le nombre d'événements évités est de 37 pour 1 000 patients traités pendant quatre ans. La réduction significative des AVC est de 48 % (p = 0,0163 ; 95 % IC : - 69 à - 11). La réduction relative du risque de tout événement cardio-vasculaire est de 32 % (p = 0,001 ; 95 % IC : - 48 à - 15), et celle du risque de mortalité globale est de 27 % (p = 0,059 ; 95 % IC : - 48 à +1), soit à la limite de la significativité alors que l'étude a été arrêtée prématurément. Dans le groupe atorvastatine, le LDL-C moyen en fin d'étude était de 0,82 g/l ; plus de 80 % des patients ont atteint les valeurs cibles de LDL cholestérol (inférieur à 1 g/l) contre environ 20 % dans le groupe placebo. Ces pourcentages se maintiennent à quarante-huit mois de suivi. La tolérance au traitement sur les quatre ans ne montre pas de différence significative entre le groupe placebo et le groupe atorvastatine. En particulier, la tolérance hépatique et musculaire a été comparable entre les deux groupes ; aucun cas de rhabdomyolyse n'a été rapporté.
Le cadre des recommandations françaises 2005.
Ainsi, l'étude Cards, première étude spécifique chez le diabétique de type 2 avec un autre facteur de risque et un cholestérol normal ou légèrement élevé, montre que l'atorvastatine à sa plus faible dose (10 mg/jour) est efficace et bien tolérée pour réduire le risque de premier événement cardio-vasculaire, accidents vasculaires cérébraux compris. Elle confirme également que l'administration de statines ne doit pas uniquement être justifiée par l'atteinte d'une valeur seuil de LDL cholestérol chez ces patients, mais doit prendre en compte le risque cardio-vasculaire global.
L'étude Cards est à l'origine d'une nouvelle AMM pour Tahor 10 mg : « Prévention des événements coronaires et cérébro-vasculaires chez des patients diabétiques de type 2 avec un autre facteur de risque, avec ou sans hyperlipidémie associée. » Cette nouvelle AMM propose une meilleure prise en charge des patients diabétiques considérés à risque élevé ou intermédiaire et s'inscrit dans le cadre des recommandations françaises 2005 de la prise en charge des patients dyslipidémiques (Afssaps, mars 2005).
Conférence de presse organisée par Pfizer, à laquelle participaient le Pr B. Charbonnel (CHU hôtel-Dieu, Nantes) et le Dr D. Simoneau (Pfizer).
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