REFERENCE
Cinq ans sont passés depuis la première édition du considérable « Le Sein. Du normal au pathologique : état de l'art ». En ces quelques années, l'évolution fut telle en sénologie que les auteurs, Marc Espié et André Gorins ont jugé « indispensable de le reprendre de fond en comble... Il s'agit d'un livre neuf et non d'une simple actualisation. De nombreux thèmes inédits sont abordés tant dans le domaine de la pathologie bénigne que du cancer ». Ce dernier, disons-le d'emblée, mobilise la majeure partie des 1 330 pages.
Les auteurs ont voulu, au travers des divers chapitres, qu'apparaisse un message unique « une pathologie mammaire nécessite une compréhension et une connaissance globale du sein dans toutes ses dimensions : physiologiques, symboliques et dans tous les domaines du diagnostic et de la thérapeutique ».
Une femme atteinte d'une affection mammaire ne doit pas être morcelée entre divers sur-spécialistes. Elle doit avoir face à elle un interlocuteur privilégié « maître d'uvre, référent » assurant une prise en charge dans la multidisciplinarité.
« Le Sein » est subdivisé en cinq parties : le sein normal et ses explorations ; les grands syndromes ; les maladies bénignes, les mastopathies à risque. Prévention du cancer du sein ; le cancer du sein ; sein et psychisme, prise en charge psychologique. Détailler davantage le contenu est impossible ici tant les subdivisions sont multiples, toutes signées des spécialistes français les plus reconnus sur ces thèmes particuliers. Originalité de l'ouvrage, les nombreuses iconographies apparaissent en noir et blanc au cours de la lecture à leur emplacement spécifique, puis sont regroupées un peu plus tard, en couleurs, cette fois.
En parcourant l'ouvrage on découvre avec plaisir un premier chapitre intitulé « Le sein dans les musées », où du Tintoret à Magritte et Dali en passant par Rubens, la médecine est oubliée au profit de la beauté.
Plus techniquement, plus loin, le hasard de la lecture nous apprend que : « Il y a chaque année 500 000 nouveaux cancers du sein dans le monde. La publication sur Internet en avril des premiers résultats de l'essai NSABP (NDLR : mené avec le tamoxifène par un groupe coopérateur américain) a relancé l'espoir de pouvoir agir sur cette incidence... Afin de confirmer les premiers résultats, le NSABP a commencé un second essai (STAR) où le tamoxifène sera comparé au raloxifène. »
Toujours au chapitre du cancer du sein, la contraception après chirurgie est abordée, avec un étonnement des auteurs : « La littérature est parfaitement muette à cet égard. A notre connaissance, aucune étude rétrospective ou prospective n'a été publiée... On ne peut qu'être étonné car cette situation se voit sûrement de plus en plus fréquemment, la proportion de cancers du sein survenant chez des femmes en âge de procréation, entre 30 et 50 ans, ne cessant d'augmenter. »
De nombreuses pages sont consacrées à la thérapie génique, dont on relève cette impression générale « l'absence de démonstration réelle d'efficacité résultant des deux premières centaines d'essais cliniques ne constitue pas une surprise pour les chercheurs et médecins... les essais ont concerné des patients en phase terminale... ce qui laisse peu de place à des ressources miraculeuses ». En pratique, il est rappelé qu' « actuellement aucun marqueur tumoral sérique ne permet le dépistage de cancer du sein... l'ACE et le CA 15-3 sont utiles pour le suivi du cancer du sein ».
Moins technique en fin d'ouvrage, il est souligné, au chapitre de l'après traitement, « une règle d'or : prendre le temps d'écouter, même si les plaintes sont répétitives, même si elles semblent excessives : elles correspondent toujours à un mal-être et un appel à l'aide ».
Sous la direction de Marc Espié et André Gorins, Editions Eska 2001, 1 330 pages, 590 F (89,94 [219])
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