PLUS AFFINÉ que d'habitude, le bilan démographique annuel de l'Ordre national des médecins recense, parmi les 244 678 médecins inscrits à son tableau au 1er janvier 2004 : 35 791 retraités, 208 887 praticiens en activité (dont 92,5 % sont en activité « régulière », 4,5 % font seulement des remplacements et 3 % ont cessé temporairement leur activité - arrêts maladie, maternités...). La densité médicale, égale à 340 médecins pour 100 000 habitants en 2004 (contre 206 en 1979), est ramenée à 317 si l'on ne tient compte que des médecins en activité régulière. En outre, cette moyenne cache les disparités de l'offre médicale, à la fois sur le plan géographique et entre les différentes spécialités.
C'est pourquoi l'Ordre interpelle une fois de plus les pouvoirs publics sur la nécessité de relever le numerus clausus à « 8 000 pendant au moins cinq à dix ans » (contre 6 300 prévu en 2005) pour pouvoir compenser les nombreux départs en retraite dans les années à venir. Le bilan de l'Ordre met en garde contre le « risque de se retrouver en 2015-2020 avec une densité médicale globale qui serait celle des régions actuellement considérées comme en insuffisance majeure ». On ne peut pas se contenter, explique l'Ordre, de miser sur l'élargissement de l'Union européenne, les transferts et les partages de compétence.
Nouveau cap pour la féminisation.
Le Conseil national de l'Ordre fait remarquer par ailleurs que la féminisation progressive du corps médical vient de franchir un nouveau cap. Il signale en effet que, en 2003, pour la première fois, les femmes ont été « plus nombreuses (50,3 %) que les hommes à s'inscrire » au tableau ordinal. Au total, la part des femmes dans le corps médical en activité reste minoritaire (38,3 %, et seulement 36,8 % parmi les praticiens en activité régulière), mais leur surreprésentation est manifeste dans les jeunes classes d'âge. La proportion des femmes est majoritaire chez les moins de 40 ans et passe à 57 % chez les moins de 35 ans. Les femmes médecins ont la spécificité de travailler plus souvent à temps partiel (25 % d'entre elles contre 2 % des hommes) et dans un mode d'exercice salarié (elles constituent 67,5 % de la population en médecine salariée exclusive) ou sans exercice déclaré (remplaçantes ou en arrêt temporaire d'activité).
La tendance au vieillissement de la population des médecins en activité se poursuit. L'âge moyen de ces derniers passe de 47 à 47,4 ans (45,3 pour les femmes et 48,8 pour les hommes).
L'édition 2004 du bilan démographique commence à étudier plus précisément dans son dossier thématique la situation des « spécialités en crise », en particulier la médecine générale, désormais considérée comme spécialité.
En un an, la part des généralistes dans le corps médical a baissé de 52 à 50,5 %. Si l'Ordre recense en métropole 103 697 généralistes en activité au 1er janvier 2004, il relève que seulement 92 574 d'entre eux (soit 89,3 %) ont une activité professionnelle régulière, en exercice libéral pour 68 % d'entre eux. Surtout, il souligne que certains sont inscrits comme généralistes par défaut alors qu'ils n'exercent pas en fait la médecine générale (médecins à exercice particulier, hospitaliers comme les praticiens adjoints contractuels...). « On peut donc considérer que, en définitive, seuls environ 75 000 médecins pratiquent la médecine générale », constate l'Ordre. En plus, ajoute-t-il, « la répartition des médecins généralistes sur le territoire est problématique puisque particulièrement inégalitaire, surtout à des niveaux géographiques fins ».
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