Le tabagisme au cours de la grossesse est considéré actuellement comme le facteur de risque indépendant le plus important de mort subite du nourrisson (MSN). Un travail publié au cours de l'année 2002 a montré qu'un récepteur nicotinique cholinergique impliqué dans la régulation des réflexes nocturnes respiratoires pourrait jouer un rôle majeur dans cette affection. Durant le sommeil, en effet, il se produit des pauses respiratoires qui entraînent un état d'hypoxie, lequel induit une stimulation de l'appareil cardio-respiratoire et provoque une réaction de réveil.
Les modifications de ce système régulateur liées au contact intra-utérin avec de la nicotine peuvent conduire à une dysrégulation de la sensibilité à l'hypoxie, voire, de façon directe, à une mort subite.
Dysrégulation de la sensibilité à l'hypoxie
Des chercheurs australiens se sont intéressés à l'influence du contact intra-utérin avec de la nicotine sur la réactivité au bruit au cours du sommeil. Cette donnée est en effet un reflet des capacités d'éveil de l'enfant lors de la mise en contact avec un facteur de stress. Pour cela, ils ont sélectionné 20 enfants âgés de 8 à 12 semaines (10 nés de mère fumeuse et 10 témoins) et leur ont fait entendre des bruits d'intensité variable au cours des différentes phases de leur sommeil. Leur analyse a porté sur la mesure de l'intensité de bruit nécessaire pour provoquer un éveil au cours d'un sommeil REM (sommeil rapide, Rapid Eye Movement) ou non REM (sommeil lent). Ce travail a été pratiqué de façon contrôlée (température, position de couchage, bruit de fond) afin d'éliminer tout biais environnemental. Les investigateurs ont procédé à un enregistrement polysomnographique systématique d'au moins dix heures. « En moyenne, l'intensité sonore nécessaire pour provoquer un éveil chez les nouveau-nés nés de mère fumeuse est de 70 dB, contre 60 dB chez les témoins au cours de la phase de sommeil lent », expliquent les auteurs.
Le niveau sonore capable de réveiller les bébés
En revanche, lors du sommeil rapide, aucune différence significative n'a été notée entre les deux groupes. Cinq des dix enfants de mère fumeuse ne se sont pas réveillés lors de l'exposition à l'intensité sonore maximale (82 dB), alors que, dans l'autre groupe, le réveil a été systématique.
Les auteurs soulignent que 3 des 20 enfants présentaient des troubles de la conduction du son au niveau de l'oreille moyenne en rapport avec une otite chronique séreuse. Néanmoins, les conditions de l'expérimentation étaient telles que ce type de déficit était compensé par le choix du dispositif sonore qui permettait une stimulation simultanée des deux oreilles.
Pour le Dr A. Chang, « la mise en contact du cerveau des foetus avec de la nicotine pourrait agir sur le développement des connexions nerveuses cérébrales en diminuant l'oxygénation de ces cellules ». Ce phénomène pourrait être directement en relation avec les difficultés au réveil notées lors du sommeil lent et favoriser les risques de mort subite chez les enfants de mère fumeuse.
« Arch Dis Child », 2003 ; 88 : 30-33.
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