LES EFFETS conjoints du vieillissement de la population et de l'épidémie mondiale d'obésité ont entraîné depuis plusieurs années une forte augmentation de la prévalence de l'arthrose dans toutes les régions du monde et font de cette pathologie un problème de santé publique. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent poser un problème de tolérance. Si les complications les plus fréquentes sont les problèmes gastro-intestinaux, les AINS sont également responsables d'une augmentation du risque cardio-vasculaire ; mieux connu avec les coxibs, cet effet a aussi été démontré avec les AINS non sélectifs et s'explique probablement par une élévation moyenne de la pression artérielle de 2,2 mmHg constatée dans plusieurs études. Cette élévation peut paraître modérée, mais son impact sur l'ensemble de la population concernée aux États-Unis, soit onze millions de personnes, correspond pourtant à 47 000 événements cardio-vasculaires de plus.
Afin de limiter cette morbidité iatrogène, tout en conservant une bonne efficacité anti-inflammatoire, une nouvelle classe médicamenteuse (les CINOD pour Cyclooxygenase Inhibiting Nitric Oxyde Donator) a été développée, dont le premier représentant est le naproxcinod, mis au point par le Laboratoire NicOx. Ce médicament associe une molécule d'AINS, le naproxène, à une molécule de monoxyde d'azote (NO) dont les effets protecteurs cardio-vasculaires sont bien connus.
Un atout sur les chiffres tensionnels.
Les premiers résultats cliniques obtenus avec le naproxcinod dans une étude pivot de phase 3, présentés lors du congrès de l'EULAR, sont encourageants. Cette étude compare deux dosages de naproxcinod, 350 mg et 750 mg, à du naproxène 500 mg et à un placebo, chez 693 des patients présentant une arthrose du genou et dont la moitié souffrait d'hypertension artérielle avant inclusion.
Après treize semaines de traitement, le naproxcinod à 350 et à 750 mg apparaît comme significativement plus efficace que le placebo sur la douleur et l'impotence fonctionnelle, et d'une efficacité similaire au naproxène. D'autre part, le naproxcinod dosé à 750 mg entraîne une diminution significative de 3 mmHg de pression artérielle systolique et de 2 mmHg de diastolique par rapport au naproxène. La pression artérielle est globalement plus basse dans les groupes naproxcinod que dans le groupe placebo, mais les résultats ne sont pas statistiquement significatifs. Cet effet bénéfique sur la pression artérielle est observé dès la deuxième semaine de traitement et se prolonge jusqu'à la fin de l'étude. Le pourcentage global d'effets secondaires est plus élevé dans le groupe naproxène que dans les deux groupes naproxcinod, dont la tolérance est globalement bonne.
Cet essai de phase III montre que le naproxcinod peut représenter une alternative intéressante aux AINS classiques dans le traitement de l'arthrose. Ces résultats devront encore être confirmés par d'autres études cliniques.
Une réunion NicOx lors du Congrès de l'EULAR. D'après une présentation par les Prs Thomas Schnitzer, professeur de rhumatologie à l'université Northwestern, à Chicago, et Francis Berenbaum, chef de service de rhumatologie à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris.
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