UNE ARTHRITE isolée du genou est un événement rare en accompagnement d'un Cpnpc. Mais l'étude des cinq cas détectés par l'équipe de Fabrizio Cantini et coll. (Prato, Italie) montre que cette arthrite peut entrer dans le cadre d'un syndrome paranéoplasique survenant à un stade précoce d'un Cpnpc.
L'ostéoarthropathie hypertrophiante (OAH) est le syndrome paranéoplasique le plus fréquent des Cpnpc, observé dans environ 5 % des cas. C'est quasiment le seul syndrome paranéoplasique associé à ce cancer, qui en comporte peu, se distinguant des cancers pulmonaires à petites cellules, où 10 à 20 % des cas sont associés à un syndrome paranéoplasique, mais avec 1 % d'OAH.
L'OAH combine un hippocratisme digital (doigts et orteils), une périostite proliférante des extrémités distales des os longs et de l'arthrite.
Les symptômes de l'OAH peuvent précéder ceux du cancer sous-jacent de dix-huit mois. L'arthrite est souvent polyarticulaire, symétrique et douloureuse, impliquant les genoux, les chevilles, les coudes, les poignets et de petites articulations des mains et des pieds.
Le liquide synovial n'est pas inflammatoire et ne présente pas d'anomalies. L'OAH évolue en parallèle avec le cancer et généralement diminue en cas de résection complète.
La détection précoce du Cpnpc est la condition permettant le traitement chirurgical ablatif, ce qui conditionne le pronostic étant donné la résistance à la chimiothérapie de ce cancer.
Stade précoce d'une ostéoarthropathie hypertrophiante ?
Fabrizio Cantini et coll. se sont intéressés aux cas d'atteintes articulaires à présentation atypique d'une OAH. Une atteinte articulaire isolée d'un genou pourrait-elle représenter un stade précoce d'une OAH ? Ils ont réalisé une recherche chez des patients venus en consultation et dans des bases de données.
Sur une période de 6 ans, ils ont étudié 6 654 dossiers de patients venus consulter pour des atteintes ostéo-articulaires (dans des services de rhumatologie).
Parmi ceux-ci, 296 cas de monoarthrite isolée du genou. Et chez 5 de ces patients, l'atteinte rhumatologique a représenté une manifestation ostéoarticulaire accompagnant un cancer pulmonaire (soit 1,7 % des cas).
Les cinq patients étaient des hommes d'âge moyen, avec un passé de gros fumeurs de cigarettes et un diagnostic de Cpnpc. Ils ont consulté pour une monoarthrite isolée du genou, non érosive, avec un épanchement intra-articulaire de liquide synovial non inflammatoire.
Régression de l'arthrite après résection du cancer.
Le Cpnpc a été réséqué chez les 5 patients. Et l'atteinte du genou a régressé, sans reprise après une moyenne de 41 mois en postchirurgical. A ce stade, les cinq patients vont bien.
La revue de la littérature n'a pas montré de cas publiés de monoarthrite du genou constituant un syndrome paranéoplasique.
Pour les auteurs, ces cinq cas montrent que l'arthrite isolée du genou peut entrer dans le cadre d'un syndrome paranéoplasique. Toutefois, il n'existe pas suffisamment d'arguments pour affirmer que cette atteinte monoarticulaire représente une phase préliminaire d'une OAH ou une forme incomplète d'OAH ; à cause du caractère monoarticulaire, alors que l'OAH implique de nombreuses articulations. Et puis la première manifestation de l'OAH est habituellement un hippocratisme digital, qui n'existait pas chez ces patients.
Enfin, on note que la monoarthrite du genou est plutôt survenue précocement dans cette série de cinq patients, à des stades IA ou IB, des stades où la résection chirurgicale est possible (45 % des diagnostics de Cpnpc).
«Chez un patient consultant pour une arthrite isolée du genou, une arthrocentèse avec analyse du liquide synovial est nécessaire pour confirmer sa nature non inflammatoire. Lorsque les autres causes d'épanchement synovial sont exclues, une radiographie pulmonaire est le premier examen complémentaire à prescrire», conseillent les auteurs.
« Ann Rheum Dis », édition avancée en ligne.
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