ORGANISÉ chaque année par l'Ecole de formation européenne en cancérologie (Efec) et par l'Ecole de cancérologie de l'IGR, le cours de « Chimiothérapie antitumorale et traitement médical du cancer » de l'institut Gustave-Roussy (Villejuif) existe depuis vingt ans. La formation francophone, créée à l'initiative du Pr Jean-Pierre Armand, a reçu en 2001 une reconnaissance d'accréditation en Europe et aux Etats-Unis à travers la Federation of european cancer societies. A l'occasion de cette vingtième édition, suivie par environ 150 praticiens du 17 au 28 janvier, le ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille, Philippe Douste-Blazy, a salué « l'excellence » de ce cours. Il préfigure, selon lui, le type de formation exigé par les nouvelles conditions de l'évaluation des pratiques professionnelles et de la formation continue (lois du 9 et du 13 août 2004 sur la Santé publique et la réforme de l'assurance-maladie). Pour que « nous ne soyons pas, nous autres médecins, "lâchés" à la fin de nos études sans garantie de mise à jour de nos connaissances, pour nous-mêmes et surtout pour nos malades. »
Une des qualités du cours est aussi qu'il « s'inscrit parfaitement dans la perspective des grands objectifs nationaux de santé publique et du plan Cancer ». Notamment parce qu'il « tisse une logique de cohérence depuis la recherche sur les nouvelles molécules jusqu'à la cancérologie clinique ».
Le ministre, par ailleurs, a rappelé aux participants les grandes orientations du plan lancé par le président de la République en mars 2003.
La prévention est l'une de ses premières priorités. « La France possède, selon l'OMS, un des meilleurs systèmes de santé. C'est vrai sur le plan curatif mais pas sur le plan préventif et communautaire où nous sommes en retard si l'on compte en AVP, ou années de vies perdues. »
De ce point de vue, les médecins ont une responsabilité particulière face aux conduites à risque telles que le tabagisme. « Mais comment convaincre davantage de Français sur les dangers du tabac alors que le taux de médecins fumeurs est de l'ordre de 30 % ? » demande-t-il avant de rappeler qu'il aura fallu vingt ans pour pouvoir mettre en œuvre une campagne de prévention du tabagisme passif. Il souhaite que les établissements de soin deviennent « exemplaires dans la mise en œuvre de la loi Evin et appliquent rigoureusement l'interdiction de fumer ».
Le ministre a évoqué ensuite les avancées en matière de dépistage, notamment du cancer du sein et du cancer du col. Cependant, trop de femmes ne sont pas dépistées. L'information et l'éducation, en ce domaine, essentielles, devraient être favorisées par la « taxe supplémentaire de 1 % sur les spots publicitaires pour les produits alimentaires considérés comme mauvais prévue dans la loi de santé publique ». Des efforts doivent être faits pour d'autres cancers : colo-rectal, prostate et bronchique.
Des soins coordonnés d'ici à trois ans.
Concernant les soins, la priorité est qu'au-delà de traitements efficaces les patients bénéficient de davantage d'écoute et d'humanité. Tous les malades devront avoir accès à une prise en charge d'un niveau de qualité égale et conforme aux standards scientifiques. Quatre dispositifs sont prévus pour assurer la coordination des soins : la mise en place de réseaux régionaux (autour de pôles de cancérologie) et locaux (continuité de soins entre l'hôpital et le domicile) ; la remise d'un programme personnalisé de soins dès le début de la prise en charge ; l'identification de centres de coordination en cancérologie dans tous les établissements traitant de cancer ; le partage de l'information médicale grâce au dossier médical partagé. L'objectif est que « d'ici à trois ans, il ne doit plus y avoir un seul patient ne bénéficiant pas d'une prise en charge coordonnée », insiste le ministre.
La mise en place de consultations d'annonce, le renforcement de l'accès aux psychologues, l'organisation de l'hospitalisation à domicile et de structures de soins palliatifs, en particulier au domicile, doivent compléter le dispositif pour mieux répondre à la demande des patients.
Le dernier axe du plan est l'accès aux techniques innovantes grâce au renforcement de l'imagerie et de la radiothérapie et au financement des médicaments onéreux. Cet accès sera assuré dans le cadre de la tarification à l'activité sur une base cohérente entre le secteur public et privé. Les efforts de recherche seront coordonnés par l'Institut national du cancer.
Enfin, Philippe Douste-Blazy a annoncé l'augmentation des moyens humains, dès cette année : création de vingt-quatre postes de professeur d'université (Puph) et maître de conférence d'université (Mcuph), de vingt-deux postes de chef de clinique et soixante-huit postes d'assistant et de technicien en recherche clinique. La reconnaissance de la qualification en cancérologie sera améliorée.
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