DES CHERCHEURS français, camerounais et allemands, dirigés par le Dr Didier Fontenille (IRD UR 06, Montpellier) ont découvert un nouveau vecteur du paludisme en Afrique : Anopheles ovengensis, un moustique susceptible de transmettre Plasmodium falciparum à l'homme.
A ce jour, quatre groupes d'espèces vectrices ont été recensées : Anopheles gambiae, A. funestus, A. nili et A. mouchetti. Chacun de ces groupes est constitué d'un ensemble d'espèces morphologiquement très proches, mais dont la composition génétique diffère significativement.
Dans le cadre du programme PAL+, mis en place par le ministère de la Recherche en 1999, des chercheurs de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et de l'Oceac au Cameroun (Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique Centrale) ont étudié la morphologie et les caractéristiques génétiques de anophèles du groupe nili, qui sévissent en Afrique Centrale. Pour cela, ils ont collecté tout au long des rives du fleuve Ntem, au sud du Cameroun, des moustiques à l'état de larve ou dans leur période adulte. La méthode d'identification utilisée combine la caractérisation de la distribution géographique à l'analyse du génome des insectes.
Une nouvelle variante dite « Oveng form ».
Grâce à cette technique, les chercheurs ont pu établir que certains spécimens présentaient des variations morphologiques rendant impossible leur classification au sein de l'une des trois espèces de A. nili connues ( A. niliss « Congo form », A. somalicus et A. carnevalei). Pour le Dr Fontenille, « cette observation suggère l'existence d'une nouvelle variante dite "Oveng form", du nom du village où elle a été collectée. Grâce aux outils de la biologie moléculaire, nous avons pu confirmer génétiquement les différences morphologiques observées ce qui nous a permis d'élever l'"Oveng form" au rang d'espèce sous le nomd'Anopheles ovengensis. » La découverte du parasite P. falciparum chez cette nouvelle espèce confirme qu'il s'agit bien d'un nouveau vecteur du paludisme. Une étude plus approfondie devrait maintenant permettre de mieux appréhender le rôle de cette nouvelle espèce dans la transmission de la maladie.
La méthode choisie par les chercheurs a aussi été appliquée par la même équipe à l'étude d'un autre groupe du genre Anopheles : A. funestus, un vecteur déjà connu en Afrique centrale et en particulier au Cameroun. Les chercheurs ont ainsi découvert l'existence d'une nouvelle espèce, proche de A. rivulorum, l'une des 9 espèces déjà décrite au sein de ce groupe. Aucun P. falciparum n'ayant été détecté dans les échantillons analysés, cette nouvelle espèce a été qualifiée de A. rivulorum-like et elle n'est actuellement pas considérée comme vectrice. Des recherches sont en cours afin de préciser la répartition géographique de cette nouvelle espèce et d'en analyser les caractéristiques biologiques.
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