Journées francophones de pathologie digestive (SNFGE)
du 17-21 mars 2007 à Lyon
PARMI LES 400 000 patients atteints d'hépatite C ou séropositifs pour le virus de l'hépatite C, 15 % sont, ou ont été, des buveurs excessifs. Néanmoins, aucun modèle de prédiction de la mortalité secondaire à l'infection virale n'a pris en compte, à ce jour, le rôle de l'alcool. La relation existant entre le taux de mortalité, le génotype du virus et l'impact du traitement antiviral, n'a pas non plus encore été étudiée. « L'objectif de ce travail rétrospectif, effectué d'après une analyse de la littérature, était donc de prédire la mortalité secondaire à l'infection par le virus de l'hépatite C et d'estimer les proportions de malades guéris et de patients toujours virémiques, en 2006. Différents cofacteurs, tels l'âge, le sexe, le degré de fibrose, le génotype viral, la consommation d'alcool et l'impact des traitements ont été pris en compte », explique le Pr Philippe Mathurin (hôpital Claude-Huriez, Lille). C'est la prévalence du virus de l'hépatite C, au cours de l'année 2004, qui a été utilisée pour construire ce modèle prédictif, ainsi que le taux de mortalité observé entre les années 1979 et 2002.
Quant au nombre de malades infectés en 2006, il a été estimé d'après la proportion de sujets dépistés en 1994 (24 %) et en 2004 (56 %). Pour ce qui est de la progression de la maladie, elle a été simulée en tenant compte de toutes les cohortes de patients infectés par le passé et en supposant une augmentation linéaire de la proportion de patients contaminés, avec le temps. Un pourcentage maximum de 75 % de sujets dépistés devrait être obtenu en 2014.
En 2006, le modèle estime que 40 % des patients séropositifs sont guéris, dont 65 % spontanément et 35 % après mise en route d'un traitement. Le pourcentage de malades toujours virémiques est donc évalué à 60 %. Parmi eux, 27 % ont été traités, 23 % ont été dépistés mais n'ont pas été traités et 50 % ne sont pas dépistés, donc pas traités. En ce qui concerne la répartition des différents stades de fibrose, chez les patients virémiques, les pourcentages estimés sont de 51 % de fibrose aux stades F0 et F1, 32 % de fibrose aux stades F2 et F3, 11 % de fibrose au stade F4 et 6 % d'hépatite décompensée. La mortalité culminera quant à elle en 2010, pour toucher 3 250 patients, puis diminuera, 2 500 décès étant attendus en 2025. « Pour ce qui est des rapports entre le nombre de décès et le nombre de sujets virémiques, dans chaque tranche d'âge, en fonction de la consommation d'alcool, ils devraient être de 0,8% chez les malades qui boivent et de 0,1% chez ceux qui ne boivent pas, chez les moins de 39 ans, de 4,5% et 0,4% chez les patients âgés de 40 à 64 ans et de 11,5% et 2,8% chez les plus de 65ans », poursuit le Pr Mathurin. En outre, 14 % des patients non buveurs sont atteints de fibrose de type F4, alors que ce pourcentage est de 43 % chez les buveurs. Par ailleurs, l'impact de la consommation d'alcool devrait rester stable dans les vingt prochaines années, du fait de la poursuite de l'alcoolisation, chez les patients qui ne sont pas dépistés.
L'efficacité de l'interféron pégylé.
Le traitement de l'hépatite C devrait réduire la mortalité globale de 23 %, entre les années 2006 et 2025. Mais cette mortalité varie en fonction du génotype viral. Celle observée chez les malades infectés par un génotype de type 1 ou 4 (premier groupe) devrait diminuer de 17 %, alors que celle mise en évidence en présence d'un génotype de type 2 ou 3 (deuxième groupe) devrait baisser de 36 %. Malgré une efficacité thérapeutique moindre chez les patients du premier groupe, le nombre de vies épargnées devrait être équivalent dans les deux groupes, 8 800 et 9 000. Cela s'explique par la fréquence élevée des génotypes 1 et 4. Pour ce qui est de la diminution des taux de mortalité observée, elle devrait différer en fonction de la nature du traitement mis en oeuvre : baisse de 4 % sous interféron seul, comparativement à l'absence de traitement, de 17 % sous bithérapie standard, comparativement au schéma thérapeutique faisant appel à l'interféron seul, et de 7 % sous bithérapie avec interféron pégylé, comparativement à la bithérapie standard. Enfin, compte tenu du retard au dépistage de la maladie, le nombre de décès liés à ce retard sera de 2 563, entre les années 2006 et 2025.
D'après un entretien avec le Pr Philippe Mathurin, hôpital Claude-Huriez, Lille.
Les six génotypes du virus
Le virus de l'hépatite C a six génotypes, eux-mêmes divisés en différents sous-types.
La répartition des différents génotypes varie en fonction de la localisation géographique : les génotypes 1, 2 et 3 prédominent en Europe et aux Etats-Unis, alors que, en Afrique et au Moyen-Orient, ce sont les génotypes 4 et 5 qui sont les plus fréquents, le génotype 6 étant restreint à l'Asie du Sud-Est. En France, un observatoire de surveillance des sous-types de virus de l'hépatite C a été mis en place. Il a été réalisé à partir des données diffusées par des laboratoires de virologie volontaires, faisant partie de centres hospitaliers. Les 377 patients inclus étaient des malades nouvellement diagnostiqués séropositifs pour le virus de l'hépatite C. C'est le génotype 1 qui est le plus fréquent en France. Il touche près de 55 % des patients. Le génotype 2 est trouvé chez 12 % des malades, alors que le génotype 3 concerne 22,5 % des sujets infectés et que le génotype 4 est mis en évidence chez 10 % d'entre eux. Enfin, le génotype 5 n'est rencontré que dans 0,5 % des cas.
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