UNE ÉTAPE importante vient d'être franchie dans la compréhension de la néoangiogenèse qui accompagne les tumeurs. La recherche a certes été menée chez la souris, mais comme elle concerne une protéine tumorale largement exprimée, il est possible que le travail débouche sur des applications en médecine humaine.
L'équipe de Juliana Hamzah (Perth, Australie) s'est intéressée au gène Rgs5 (régulateur de la protéine G de signalisation 5). Ces chercheurs ont mis en évidence son importance dans les anomalies morphologiques de la vascularisation tumorale. Ils ont montré que la perte de fonction de ce gène entraîne une réduction de l'angiogenèse et une plus grande sensibilité de la tumeur au traitement.
Pour parvenir à ces conclusions, l'équipe est partie de l'un de ses travaux antérieurs. Chez des souris mutées, modèles d'un cancer des îlots pancréatiques, ils avaient constaté une surexpression de Rgs5. Ce gène est exprimé par les péricytes du lit vasculaire. Ces péricytes sont, avec les cellules endothéliales, les premières cibles des anomalies morphologiques dues à la tumorigenèse.
Une maturation des péricytes.
L'équipe a donc mis au point des souris génétiquement dépourvues du gène Rgs5, tout en déclarant un cancer pancréatique. Chez ces rongeurs, ils ont constaté une maturation des péricytes, une normalisation de la vascularisation, une diminution de l'hypoxie tumorale et des fuites sanguines. Ces modifications vasculaires et intratumorales ont permis un meilleur afflux d'effecteurs immunitaires à l'intérieur du parenchyme tumoral. Les souris ont eu une survie notablement prolongée.
Ce résultat, constatent au passage les auteurs, montre à quel point l'angiogenèse tumorale est dynamique et réversible.
Dans leur conclusion, ils comparent cette découverte et l'apport des thérapeutiques bloquant le facteur de croissance vasculaire VEGF. Alors que ce dernier modifie la morphologie vasculaire, le blocage de Rgs5, favorise la maturation des péricytes. Cette action contribue à une activité antitumorale en agissant sur la liaison des leucocytes et sur la transmigration dans le parenchyme tumoral. Certaines études suggèrent des résistances aux anti-VEGF et la réapparition d'une néovascularisation due à d'autres facteurs proangiogéniques. Dès lors, ce nouveau mécanisme pourrait offrir une voie thérapeutique différente, indépendante des traitements antiangiogéniques actuels, en ciblant la protéine G de signalisation.
« Nature », édition avancée en ligne, doi : 10.1038.
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