De 0,5 à 1 % de la population mondiale est affectée par la polyarthrite rhumatoïde (PR), une maladie chronique inflammatoire et auto-immune. Si l'étiologie précise demeure inconnue, des facteurs génétiques et environnementaux semblent jouer un role dans le développement de la maladie.
La susceptibilité à la PR est fortement influencée par des gènes puisque les frères et sœurs des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ont de deux à sept fois plus de risques de développer la maladie que la population générale. Une équipe japonaise, dirigée par le Dr Ryo Yamada (RIKEN, Kanagawa), a recherché dans la région du chromosome 5q31 des gènes de susceptibilité à la PR.
Crohn, eczéma, asthme
Cette région est particulièrement intéressante car elle contient de nombreux gènes intervenant dans les phénomènes immuns et inflammatoires et contiendrait un locus de susceptibilité à plusieurs maladies inflammatoires et auto-immunes, dont la maladie de Crohn, l'eczéma et l'asthme.
L'équipe a examiné cette région chromosomique dans une étude cas-témoins d'association (830 patients-cas, 658 témoins), en utilisant des polymorphismes de nucléotides uniques (SNP). Ils ont ainsi identifié une association entre la PR et le gène SLC22A4 qui code pour un transporteur de molécules organiques. Les chercheurs montrent que le gène SLC22A4 est spécifiquement exprimé dans les tissus hématologiques et immunologiques. Il est aussi fortement exprimé dans les articulations malades des souris atteintes d'arthrite induite par le collagène. « Ces résultats suggèrent que SLC22A4 fonctionne comme un transporteur dans les organes lymphoïdes et le milieu inflammatoire », proposent les chercheurs. Le polymorphisme du gène SLC22A4 associé à la PR affecte le site de fixation du gène pour le facteur de transcription hématopoïétique RUNX1. En outre, les chercheurs ont découvert qu'un polymorphisme dans le gène RUNX1 est aussi associé à la PR.
« Ces résultats suggèrent que les polymorphismes des deux gènes (SLC22A4 et RUNX1) affectent l'expression du gène SLC22A4 et, par conséquent, la susceptibilité à la PR », concluent les chercheurs. Les données suggèrent que l'expression anormalement réduite du transporteur SLC22A4 est associée à la PR.
Une nouvelle approche pour traiter ou prévenir la PR
Les chercheurs projettent de mieux investiguer la fonction physiologique de SLC22A4 et de chercher à savoir comment il affecte la susceptibilité à la PR. « Cela pourrait permettre d'identifier une nouvelle approche pour traiter ou prévenir la maladie », confie au « Quotidien » le Dr Yamada.
Rappelons que la même équipe a récemment identifié un autre gène de susceptibilité à la PR : le gène de la peptidylarginine deiminase type IV (PADI4) (« Nature Genetics », Suzuki et coll., 2003).
Le facteur de transcription RUNX1, exprimé principalement dans les cellules hématopoïétiques, régule (positivement ou négativement) la transcription de plusieurs gènes hématopoïétiques. Une précédente étude a découvert qu'un polymorphisme dans le gène PDCD1 (gène 1 de la Programmed Cell Death) affectant le site de fixation pour RUNX1 confère une susceptibilité au lupus érythémateux disséminé (« Nature Genetics », 2002). Une troisième étude, publiée cette semaine dans le journal « Nature Genetics », montre qu'un polymorphisme entre les gènes SLC9A3R1 et NAT9 affectant le site de fixation pour RUNX1 confère une susceptibilité au psoriasis (lire p. 6).
La perte des sites RUNX1 dans des allèles associés à trois maladies auto-immunes suggère que le facteur de transcription RUNX1 joue un role important dans la tolérance immune.
« Nature Genetics », 10 novembre 2003, http://dx.doi.org/10.1038/ng1267.
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