LE QUOTIDIEN - Alors qu'un rapport de la DDASS, en juin 2000, établissait qu'il n'existait pas de lien entre les pathologies des enfants et la fréquentation de l'école, on a l'impression que le doute persiste. Des investigations complémentaires sont même encore entreprises aujourd'hui.
Pr JACQUES DRUCKER - En fait, la question qui était posée depuis la fin de l'année 1999 était de savoir s'il existait un lien de cause à effet entre la fréquentation de l'école et les cas pathologiques. Mais la remise du rapport de la DDASS, en juin 2000, qui concluait que l'hypothèse d'une cause liée à l'environnement scolaire était peu vraisemblable, notamment du fait du délai très court entre la survenue de la maladie et la fréquentation de l'école des enfants (entre six et vingt mois), n'a pas dissipé l'inquiétude des parents. La DDASS a donc décidé de demander à l'INERIS (Institut national de l'environnement industriel et des risques) de compléter certaines investigations, notamment sur la toxicité potentielle de terres affleurantes, présentes dans des bacs à fleurs. Auparavant, les prélèvements n'avaient été effectués que dans le sous-sol de l'établissement scolaire ou dans l'atmosphère ambiante de l'école. Ce complément d'investigation (dont les résultats seront connus d'ici à quatre semaines) doit permettre de déterminer s'il y a des traces de produits potentiellement toxiques utilisés par l'ancienne usine Kodak, tels que des solvants ou des phtalates.
Selon le président de l'OPRI, aucune trace de radioactivité artificielle n'a été retrouvée sur le site.
En effet, en dehors des produits chimiques, une autre piste a été explorée, celle d'une source radioactive. Un laboratoire indépendant avait détecté la présence de cadmium 109. La DDASS a alors demandé à l'OPRI (Office de protection contre les rayonnements ionisants) de vérifier ces informations. Aucune source radioactive artificielle n'a été retrouvée. Mais le vrai problème que l'on doit soulever aujourd'hui, si l'on considère que le site de l'école n'est pas responsable de l'apparition de ces maladies, c'est de savoir ce qu'il en est des terrains avoisinants (sur les 15 000 m2 de l'ancienne usine Kodak, l'école et ses extensions n'en utilisent que 3 500).
Aucune mesure n'a été faite en dehors de l'école ?
Non. C'est pourquoi des investigations complémentaires méritent d'être faites. La DDASS est chargée de les mener.
Mais on imagine que les mesures de décontamination du site effectuées par Kodak ont été les mêmes partout ?
Oui, c'est l'information que l'on a du service des installations classées, service dépendant des ministères de l'Environnement et de l'Industrie, qui a contrôlé la remise en état du site après la fermeture de l'usine Kodak.
Une enquête épidémiologique est-elle menée auprès des enfants qui ont fréquenté l'école, mais aussi auprès des personnes habitant le quartier alentour ?
Une telle enquête a été menée auprès des enfants. On a complété la recherche en consultant le registre national des leucémies qui recense, depuis 1990, tous les cas de leucémie diagnostiqués en France. Sur les 975 élèves ayant fréquenté l'école depuis son ouverture (en septembre 1989) , aucun autre cas de leucémie n'a été retrouvé. Ce que l'on va faire maintenant, et cela est plus compliqué, car il n'existe pas de tel registre pour les autres formes de cancer, c'est chercher s'il n'y a pas d'autres cas de cancer, puisque deux leucémies mais aussi trois tumeurs solides ont été diagnostiquées.
Cela fait cinq cas de cancer.
Oui, un cinquième cas de cancer, diagnostiqué l'année dernière, nous a été signalé la semaine dernière. Il s'agit d'un cancer du cerveau (les deux autres cas étant un cancer des testicules et un cancer de la parotide). C'est un enfant qui n'a pas été scolarisé dans cette école, mais dont les parents résidaient à côté. Ce cinquième cas conforte la conclusion que l'école n'est pas responsable de l'apparition de ces maladies. En revanche, il incite à faire des investigations plus poussées sur l'ancien site industriel autour de l'école. Ces recherches ne veulent pas dire que l'on ne peut pas se trouver en face d'un agrégat de cas de maladies rares. C'est une situation épidémiologique qui est connue. Mais il faut le vérifier par des investigations.
Un nouveau cas de cancer à Vincennes : la zone autour de l'école est soupçonnée
Publié le 17/05/2001
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Propos recueillis par Stéphanie HASENDAHL
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6920
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