L ES souris femelles sont attirées par des mâles portant des gènes majeurs d'histocompatibilité différents des leurs. Il existe, en effet, dans les urines des composés volatiles dépendants du système HLA que les animaux sont capables de détecter et qui conditionnent leur comportement. De telles odeurs pourraient aussi influencer le comportement humain, mais jusqu'à présent les études se sont heurtées à l'absence de moyen objectif de reconnaître les odeurs génétiquement programmées. On pouvait tout au plus quantifier certains composés comme l'acide phénylacétique, dont le taux est modifié par l'expression des gènes HLA.
Les travaux des biologistes allemands, publiés cette semaine dans les « Proceedings » de l'Académie des sciences américaine, devraient permettre, pour la première fois, d'étudier les odeurs propres à chaque individu sans avoir recours aux études de comportement.
Le « nez électronique » qu'ils ont mis au point est une puce constituée de capteurs de composés volatiles qui détectent les différentes odeurs dépendantes du système HLA. Appliqué au modèle murin, le « nez » a distingué les urines de souris ayant la même garniture génétique, de mutants de classe I et de souris transgéniques HLA-A2. Des molécules volatiles liées au système HLA ont également été identifiées dans les sérums d'animaux. Chez l'homme, le nez électronique a identifié les odeurs sériques d'individus homozygotes pour le système HLA. « Une approche biochimique de l'influence des odeurs génétiquement programmées sur le comportement humain va maintenant être possible, concluent les auteurs. Ces odeurs individuelles pourraient conditionner la première attirance sexuelle, mais les facteurs socio-culturels, les cosmétiques, les déodorants en masquent les effets. Néanmoins, à long terme, nous allons peut-être trouver des différences significatives entre les odeurs des couples stables et celles des couples divorcés. »
Femmes et T-shirts d'hommes
Ce n'est pas la première fois que l'hypothèse de la reconnaissance des odeurs liées au complexe HLA est faite. Une étude anglaise avait montré que les femmes préféraient l'odeur des T-shirts portés par des hommes de complexe HLA différent du leur. En revanche, durant leurs règles ou sous pilule, elles n'étaient plus intéressées par l'odeur des mâles (HLA compatibles ou pas).
Stéphanie Montag et coll, « Proc Natl Acad Sci USA » du 17 juillet 2001.
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