L’APÉLINE a été découverte en 1998. Ce peptide vasoactif circulant s’est révélé être le ligand naturel d’un récepteur orphelin humain cloné en 1993, le récepteur APJ. Ce récepteur de 380 acides aminés appartient à la famille des récepteurs à 7 domaines transmembranaires couplés aux protéines G et il partage 31 % d’identité de séquence protéique avec le récepteur de l’angiotensine II de type 1. L’apéline est issue d’un précurseur de 77 acides aminés qui comporte à son extrémité carboxy-terminale une séquence de 17 acides aminés, l’apéline 17, strictement conservée dans plusieurs espèces. L’apéline 17 ainsi que la forme pyroglutamyl de l’apéline 13 ont été identifiées dans le cerveau et le plasma de mammifères et présentent une forte affinité pour le récepteur APJ. L’apéline et son récepteur sont présents dans le système nerveux central et le système cardio-vasculaire. Des études de double marquage ont montré que l’apéline est en fait localisée dans les mêmes neurones magnocellulaires hypothalamiques que la vasopressine et que les récepteurs de l’apéline, tout comme ceux de la vasopressine de types 1a et 1b sont synthétisés par ces neurones.L’effet central de l’apéline a été compris grâce à des expérien-ces sur différents modèles de rats. L’apéline 17 injectée par voie centrale chez la rate en lactation induit une diurèse aqueuse du fait de son rôle inhibiteur sur l’activité électrique phasique des neurones vasopressinergiques. Il semblerait que l’apéline et la vasopressine soient libérées de façon différentielle par les neurones magnocellulaires vasopressinergiques dans lesquels elles sont colocalisées. Lors d’une déshydratation, l’apéline et la vasopressine jouent un rôle complémentaire. Alors que l’augmentation de la libération somatodendritique de la vasopressine optimise l’activité phasique des neurones vasopressinergiques, l’apéline s’accumule dans ces neurones au lieu d’être libérée dans la circulation sanguine, provoquant une diminution de son activité inhibitrice et, par ce bais, une amplification de l’activité phasique des neurones vasopressinergiques. Cette régulation croisée semble avoir une finalité biologique puisqu’elle permet de maintenir l’équilibre hydrique de l’organisme en évitant une perte d’eau supplémentaire par les reins. Elle est nécessaire puisque, de façon intrinsèque, la vasopressine et l’apéline ont des actions opposées sur la diurèse.
Il est possible qu’en plus d’un effet central, l’apéline exerce un rôle direct sur la diurèse en périphérie. En effet, l’expression de l’ARNm du récepteur de l’apéline a été détectée dans le rein chez le rat et une immunoréactivité apéline a été visualisée dans le canal collecteur chez l’homme. L’effet cardio-vasculaire propre de l’apéline a, lui aussi, été étudié. Injecté par voie systémique, ce peptide diminue la pression artérielle. Dans le coeur, l’apéline augmente la force contractile propre du myocarde par un effet inotrope positif. Pour Catherine Llorens-Cortès, « la découverte de l’apéline comme ligand endogène du récepteur orphelin APJ constitue une avancée importante au plan fondamental et, potentiellement, au plan clinique. Elle représente un bon exemple d’identification de nouveaux peptides bioactifs et de nouvelles cibles thérapeutiques. Les données expérimentales disponibles démontrent que l’apéline induit une diurèse aqueuse du fait de son rôle inhibiteur sur l’activité électrique phasique des neurones vasopressinergiques et la sécrétion systémique de vasopressine. En périphérie, elle diminue la pression artérielle et majore la force contractile du myocarde tout en diminuant les pré- et postcharges. L’ensemble de ces données indique que ce nouveau neuropeptide vasoactif circulant pourrait jouer un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre hydrique et des fonctions cardio-vasculaires. Sur le plan clinique, le développement d’un agoniste non peptidique du récepteur de l’apéline, pourrait constituer un nouvel outil thérapeutique pour le traitement de l’insuffisance cardiaque, de par ses effets inotrope positif, vasodilata- teur et aquarétique.»
* Directeur de l’unité Inserm U691 au Collège de France, Paris.
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