EN DÉCEMBRE 2001, une femme de 71 ans a été adressée dans le service de neurochirurgie de l’hôpital Evangelismos, d’Athènes, en raison d’une douleur lombaire qui durait depuis une dizaine d’années. Son médecin généraliste avait mis cette douleur sur le compte d’un processus mécanique et elle avait été traitée de façon satisfaisante par les Ains pendant cinq ans. Mais après ces cinq années, ces médicaments n’ont plus eu d’effet ; le diagnostic a été reconsidéré et d’autres étiologies ont été évoquées : arthrite, douleurs musculaires ou douleurs d’origine psychosomatique.
Lorsqu’elle a été examinée par le Dr Andreas Kouyialis, elle présentait depuis quelques jours une douleur radiculaire dans la région du genou droit, douleur qui s’était accrue depuis quelques jours, sans cause déclenchante particulière, et qui était accompagnée d’un engourdissement articulaire et d’une limitation de la mobilité. Le reste de l’examen neurologique était parfaitement normal et la radiographie du rachis lombaire n’a mis en évidence qu’un spondylolisthésis.
En revanche, l’examen IRM était, lui, tout à fait anormal : il a en effet permis de détecter une lésion intradurale adhérente à la racine L3. L’examen extemporané effectué lors de l’intervention chirurgicale a confirmé le diagnostic de neurofibrome qui a pu être totalement réséqué. La patiente a quitté l’hôpital moins d’un mois après son admission et lorsqu’elle a été revue en consultation en mai 2006, elle ne présentait aucun déficit neurologique.
Les douleurs lombaires sont le plus souvent, du moins dans un premier temps, prises en charge par les médecins généralistes. Si la plupart d’entre elles sont liées à des causes mécaniques, une très faible proportion (1 %) est en rapport avec une infection ou une tumeur et, à ce titre, leur prise en charge devrait être effectuée en urgence.
Des signes d’alerte.
Comment reconnaître les signes d’une pathologie plus grave qui nécessite la réalisation d’examens complémentaires ? Pour le Dr Kouyialis, «la perte de poids, les antécédents de cancer, l’âge d’installation des signes (plus de 50 ans) et l’existence de signes objectifs neurologiques doivent inciter à pratiquer des examens complémentaires. Les neurofibromes des racines lombaires peuvent se présenter sous la forme d’un tableau non spécifique en raison de la mobilité des vertèbres lombaires. Lorsque la taille de la tumeur augmente, les fibres parasympathiques innervant la vessie, l’intestin ou les organes sexuels peuvent être comprimées, orientant le praticien à tort vers une origine organique propre».
Le bilan radiologique passe par la réalisation, dans un premier temps, de radiographies simples du rachis lombaire, mais elles doivent être complétées en cas de doute diagnostique par une TDM ou une IRM. Néanmoins, ces examens ne doivent pas être prescrits de façon systématique chez toutes les personnes souffrant de douleurs lombaires : ils doivent être réservés aux personnes présentant une symptomatologie atypique ou aux sujets chez qui un traitement par Ains ne permet pas d’amélioration clinique en trois mois.
« The Lancet », vol. 368, p. 1300, 7 octobre 2006.
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