VINGT ANS : c'est le temps qu'a passé le Dr Graulle à constituer passionnément sa riche collection. « Il a parcouru et fouillé la région, à la recherche de tous ces instruments qui se jetaient à tour de bras. Il a patiemment récupéré, réparé et constitué ce qui fait partie aujourd'hui de notre patrimoine médical national » , explique le Pr Lise Enjalbert, présidente de l'Association des amis de l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de la Grave, qui a financé les travaux du musée.
En 2002, le Dr Graulle et l'association ont décidé de faire don de la collection aux hôpitaux de Toulouse, et c'est naturellement à côté du musée d'Histoire de la médecine, déjà existant, que ce nouvel espace a trouvé sa place. Gynécologie, pneumologie, anesthésie, ORL, chirurgie orthopédique..., une douzaine de spécialités sont représentées à travers la collection. Et certains instruments sont devenus absolument introuvables aujourd'hui. « C'est le cas de ce masque d'anesthésie d'Ombrédanne, qui date de la première moitié du XXe et qui est devenu une rareté absolue », insiste Lise Enjalbert.
Autre richesse, cette table orthopédique qui provient de l'ancienne salle orthopédique de l'Hôtel-Dieu : un modèle d'architecture hospitalière (fin XIXe) qui a quasiment disparu aujourd'hui. Au-dessus se trouvait une verrière depuis laquelle les étudiants pouvaient assister aux opérations sans les perturber. Egalement le forceps de Pajot (1861), le plus ancien, ou encore l'appareil de Küss, qui date de la fin du XIXe et a été jusqu'aux années 1940 l'instrument le plus utilisé pour le traitement de la tuberculose. Cet instrument de bois et de verre servait à immobiliser l'un des deux poumons du patient en injectant de l'air dans la plèvre.
De précieuses cires anatomiques.
La partie la plus extraordinaire du musée est sans aucun doute la collection de masque de cires anatomiques ayant trait aux maladies de la peau, fruits d'un legs de dernière minute. Certains sont signés Baretta, l'un des premiers à avoir fabriqué ces masques en 1863. « C'est un don particulièrement précieux », confie Monique Rey-Delqué, conservatrice du patrimoine et responsable de l'agencement du musée. Un don qui fait de la collection toulousaine la troisième plus importante de France, après celles de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, et de l'hôpital de la ville de Nancy. Elle comporte une trentaine de spécimens, mais tous ne sont pas exposés ici. « Nous en réservons certains pour une exposition plus globale », poursuit Monique Rey-Delqué.
A terme, le CHU et l'Association des amis de la Grave espèrent que la collection du musée de Toulouse sera appelée à évoluer et qu'elle pourra être labellisée collection de musée de France. Et ils comptent bien sûr pour cela sur la générosité de nouveaux passionnés.
Musée des instruments de médecine des hôpitaux de Toulouse, Hôtel-Dieu Saint-Jacques, 2, rue Viguerie, 31000 Toulouse. Ouvert au public les jeudi et vendredi de 13 heures à 17 heures.
Double vocation, pédagogique et culturelle
Le Musée des instruments de médecine des hôpitaux de Toulouse voit le jour dans le cadre de la commission du patrimoine et de l'histoire, un projet culturel mis en place par l'hôpital depuis 2000, dans l'objectif de mieux faire connaître la médecine. La vocation de ce musée est aussi pédagogique. Dès le printemps, des visites spéciales du circuit historique de l'Hôtel-Dieu seront programmées pour les dix écoles d'enseignement paramédical de la ville (sages-femmse, infirmières, assistantes sociales...) et pour les étudiants en médecine et en pharmacie. Par la suite, une exposition itinérante sur les hôpitaux sera mise au point par les hospitaliers pour aller à la rencontre des malades dans la ville.
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