LORS d'une intervention chirurgicale pratiquée sous anesthésie locorégionale périphérique, la mise en place de cathéters sous-cutanés périnerveux assurerait la pérennité du bloc anesthésique en couvrant les quarante-huit à soixante-douze heures postopératoires. Cette technique permettrait de lutter contre l'incidence des douleurs chroniques, de commencer une rééducation très précoce en orthopédie et d'éviter les effets secondaires, en particulier nausées et vomissements, des morphiniques par voie générale. Tout cela à moindre coût, puisque les produits analgésiques utilisés sont un peu chers et que le temps d'hospitalisation est raccourci avec des soins en ambulatoire.
La prise en charge de la douleur postopératoire par des cathéters périnerveux à domicile est à l'étude dans des centres pilotes comme Lyon et Montpellier et quelques centres privés. Cette innovation est le reflet de l'avance de la France sur le plan international en anesthésie locorégionale.
L'utilisation de neurostimulateurs.
Longtemps délaissée et considérée comme un tour de passe-passe d'apprenti magicien, l'anesthésie locorégionale périphérique est maintenant sortie de l'ombre. Elle est enseignée aux futurs praticiens et a grandement bénéficié d'aide à l'apprentissage, comme l'utilisation de neurostimulateurs repérant précisément les nerfs périphériques.
Les indications de l'anesthésie locorégionale périphérique doivent être ciblées en fonction du type d'intervention (fracture isolée, rééducation précoce nécessaire), du risque anesthésique propre à chaque patient (comorbidités médicales, intubation difficile prévisible) et du souhait des patients. Elle s'adresse essentiellement aux interventions orthopédiques douloureuses, comme la chirurgie du genou, de l'épaule, du pied. Mais aussi au canal carpien, à la maladie de Dupuytren, à la chirurgie mutilante carcinologique du sein. Pour cette dernière, l'association de cathéters paravertébraux et d'antalgiques de type Ains permet de lutter efficacement contre l'apparition de douleurs chroniques. On obtient alors une analgésie multimodale parfaite, avec une dose optimale de chaque médicament, sans augmentation de dose. Cette technique est à l'étude également chez l'enfant pour certaines chirurgies orthopédiques pourvoyeuses de douleurs chroniques et d'impotence fonctionnelle, comme celle des pieds bots ; ce qui serait doublement bénéfique pour ces enfants souvent isolés socialement et déscolarisés.
La tunnellisation de cathéters.
Les complications potentielles de la tunnellisation de cathéters périphériques sont exceptionnelles. Elles sont essentiellement d'ordre infectieux et nécessitent le respect de certaines règles d'hygiène, sans qu'il y ait plus de problème à domicile qu'en milieu hospitalier. Les complications neurologiques avec l'apparition de neuropathies, le plus souvent transitoires, ne sont pas spécifiques à l'anesthésie locorégionale et existent de la même façon pour l'anesthésie générale.
L'anesthésie locorégionale périphérique postopératoire en ambulatoire doit encore être étendue au-delà des centres pilotes. En recherche, actuellement chez l'animal, les anesthésiques locaux encapsulés à libération prolongée offriraient un meilleur confort pour le patient et minimiseraient le risque infectieux des cathéters tunnellisés sous la peau.
L'anesthésie locorégionale. Point presse. Présenté par le Pr Hervé Bouaziz (Nancy), à Paris, lors du 47e Congrès de la Sfar.
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