L'ANNONCE du diagnostic de cancer est un choc pour le patient, et «tout malade se rappelle avec précision le contexte dans lequel il a appris, ou deviné de manière indiscutable, sa pathologie cancéreuse», a souligné Philippe Bataille, lors du 1er Congrès Psychologie et Cancer.
Que va-t-il se passer lors de la consultation d'annonce ? C'est un temps fort de communication médicale et de relation humaine. Il engage un processus relationnel qui conditionne la qualité de la prise en charge ultérieure, a expliqué le Dr Hervé Naman (centre azuréen de cancérologie, Mougins). C'est le point de départ d'un phénomène dynamique.
Le dispositif d'annonce s'articule autour de quatre temps : un temps médical ; un temps d'accompagnement soignant ; l'accès à une équipe impliquée dans les soins de support ; un temps d'articulation avec la médecine de ville.
Au moment de l'annonce du diagnostic, la présence d'une assistante sociale permet d'appréhender d'emblée toutes les implications socioprofessionnelles et familiales du traitement qui va commencer.
Il faut se rapprocher des mots habituels du patient pour qu'il se trouve en «pays de connaissance».
La question de la vérité est toujours très débattue. Est-il souhaitable de dire toute la vérité ? A quels patients doit-on ne pas tout dire, à quel moment faut-il dire la vérité ? Autant de questions qui ne se satisfont pas d'une seule réponse. Disons simplement que, pour le patient, lui dire la vérité, c'est avant tout lui apporter une information accessible au bon moment, et qu'on ne doit pas confondre la vérité et la révélation.
La bonne distance.
Une fois le diagnostic annoncé, un certain nombre de patients mettent en place un mécanisme de défense. «C'est un mécanisme psychologique qui englobe tous les moyens utilisés par l'individu (le moi) pour maîtriser, contrôler, canaliser les dangers externes et internes», explique N. Silamy. Les plus fréquemment rencontrés sont le déni, l'évitement, la projection, l'isolation.
Ces mécanismes de défense ne sont jamais pathologiques. Ce sont des phénomènes adaptatifs qui indiquent qu'une vie subjective se met en place. Ils ne sont pas non plus définitifs.
Le médecin doit «garder la distance» avec son patient, ni trop près ni trop loin.
La qualité de la relation établie dépend de ce qui est dit, mais aussi, ensuite, de ce qui sera fait, montré, prouvé, donné comme signe de la qualité de cette relation. Et au risque de voir le contrat rompu et la relation éthique disparaître, le praticien doit se garder de fausses assertions, de fausses promesses qu'il ne pourrait tenir. Comme disait saint Thomas : «L'homme préfère un message qui console à une vérité qui éclaire.»
La sophrologie est un des moyens de remettre du lien dans le morcellement, en s'adressant à la fois au corps et au psychisme. Car, pour se sentir exister, la personne a besoin de se sentir unifiée.
La sophronisation est un processus de détente physique et mentale qui amène à la modification du niveau de conscience «au bord du sommeil». L'utilisation de mots, de sensations ou d'images va susciter une dynamique positive chez le sujet.
La sophro-acceptation progressive consiste à vivre par anticipation un événement en insistant sur les points positifs et constructifs.
L'imagerie mentale vise à utiliser un symbole pour représenter la maladie et un autre symbole pour représenter le processus de guérison. La sophrologie cherche donc ici à soutenir la personne en créant un espace de ressourcement «du dedans» pour lui permettre d'être actif dans son processus de soin et de développer l'appropriation de soi, et, donc, la connaissance de soi. Sur le plan clinique, elle permet de mieux gérer le stress, les troubles du sommeil ou la douleur, et d'anticiper les situations à venir afin de mieux les vivre.
Les soins et les ateliers socio-esthétiques sont une autre ressource : ils invitent à un travail autour du corps incitant à la découverte de soi, de ses propres sensations parfois oubliées ou au contraire exacerbées.
C'est aussi apprendre à être seul un moment pour laisser émerger le vécu, l'élaboration personnelle pouvant aller jusqu'à la créativité, la prise de conscience de ses propres réactions tonico-émotionnelles.
La verbalisation qui suit souvent fait référence à l'altérité, c'est-à-dire accepter la différence et la formuler, accepter l'autre comme personne différente de soi. C'est permettre à la personne de «faire corps» avec un corps qui est momentanément déficient, de l'accueillir, de l'accepter, et d'être acteur autour de sa personne.
Assistance et accompagnement
L'association Isis* a pour mission d'optimiser l'approche globale des patients atteints de cancer et pris en charge au centre azuréen de cancérologie de Mougins. Fondée par Mme G. Bodino et présidée par le Dr Hervé Naman, cette structure unique dans le milieu privé réunit dans le même lieu, celui-là même des consultations médicales, les aides pour affronter les problèmes sociaux, psychologiques, esthétiques liés à la maladie.
Le dispositif comprend un espace de parole et de soutien ; un espace esthétique, avec des soins du corps et du visage ; une permanence coiffure et prothèses capillaires ; et un espace amélioration de la qualité de vie (sophrologie, réflexologie plantaire, gymnastique sensorielle, conseils diététiques).
* Tél. 04.92.92.37.42, g.bodino@wanadoo.fr.
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