DES CHERCHEURS américains et britanniques ont identifié ce qui pourrait constituer une nouvelle cible potentielle dans le traitement du diabète. Il ne s'agit pour l'instant que de travaux chez le rongeur, à un stade donc préliminaire, mais la piste ouverte implique des microARN, qui font partie d'une classe d'ARN non codants en pleine expansion, impliqués dans la régulation des gènes.
Matthew N. Poy (New York) et coll. ont mis en évidence le rôle du microARN miR-375 dans la régulation de la sécrétion d'insuline. Chez le rongeur, la surexpression du gène miR-375 supprime l'insulinosécrétion induite par le taux de glucose ; à l'inverse, l'inhibition de la fonction endogène de ce gène majore la sécrétion d'insuline.
Les microARN, ou miARN, sont des ARNs de petite taille non codants, constitués seulement de 21 à 23 nucléotides. Ils ont été identifiés dans diverses formes de vie (animale ou végétale). Leur fonction est encore pleine de mystères, mais on sait qu'ils peuvent se fixer sur des sites cibles des ARN messagers avec des appariements de bases imparfaits et réduire significativement l'efficacité de leur traduction.
miR-375 spécifique des îlots.
En étudiant leur rôle dans le fonctionnement des cellules pancréatiques endocrines, les chercheurs ont cloné et identifié un nouvel miARN (miR-375) spécifique des îlots de cellules bêta et qui est conservé au cours de l'évolution. Ils ont mis en évidence que ce miARN inhibe la sécrétion d'insuline à un stade tardif. Cette action est indépendante des altérations du flux transmembranaire du calcium ainsi que de la signalisation calcique intracellulaire. Le mécanisme par lequel miR-375 agit sur le taux d'insuline est indépendant des variations du métabolisme glucidique, il est, en revanche, directement corrélé à un effet sur l'exocytose de l'insuline.
A partir d'une liste de 64 gènes cibles de miR-375, cinq ont été retenus en raison de leur rôle potentiel sur l'insulinosécrétion et sur la différenciation des îlots pancréatiques. De nombreuses méthodes indépendantes les unes des autres ont permis de retenir, dans ce groupe de cinq, le gène de la myotrophine (Mtpn) comme cible du microARN. Ces tests ont comporté, notamment, la régulation des taux de myotrophine cellulaire par le biais de la surexpression de miR-375, l'inhibition de la fonction endogène de miR-375 et l'altération de l'exocytose par le blocage spécifique du gène Mtpn.
Les auteurs s'accordent, en conclusion, à reconnaître que d'autres cibles de miR-375 contribuent probablement à la régulation de l'insulinosécrétion. Ils ajoutent que de nombreux microARN ont été identifiés au rôle vraisemblable dans le développement du pancréas endocrine. L'analyse de l'expression temporelle et spatiale ainsi que la création de mutations « perte de fonction » des miARN des îlots permettront de mieux apprécier la place de cette nouvelle classe de gènes dans l'insulinosécrétion. De quoi envisager des voies thérapeutiques originales.
« Nature », vol. 432, pp. 226-230, 11 novembre 2004.
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