La prise en charge du diabétique de type 2 s'améliore avec un meilleur contrôle non seulement de la glycémie, mais aussi des facteurs de risque associés. Le diabétique reste un sujet à haut risque de complications, avec un impact important sur la mortalité totale. L'optimisation thérapeutique permet néanmoins une amélioration des soins avec un transfert des dépenses, celles liées au contrôle de la maladie étant plus importantes et celles liées aux complications moindres.
L'INVS (Institut national de veille sanitaire) a réalisé une étude pour évaluer l'incidence des admissions en ALD des diabétiques en France et décrire l'impact du diabète sur la mortalité globale et les causes de décès qui lui sont associés. Les admissions en ALD liées au diabète ont augmenté de 134 592 en 2000, de 151 574 en 2003, puis ont légèrement diminué en 2004, jusqu'à 149 775. Les taux standardisés d'incidence ont varié de 238 pour 100 000 en 2000, 255 pour 100 000 en 2003 et de 148 pour 100 000 en 2004.
En 2004, 55 % des admissions en ALD diabète concernaient des hommes et un tiers des personnes de moins 55 ans. Les taux d'incidence sont plus élevés chez les hommes que chez les femmes, mais la différence s'atténue avec l'âge.
Le poids du diabète sur la mortalité est plus important outre-mer qu'en métropole. Les taux standardisés de mortalité sont de 2 à 7 fois plus élevés respectivement aux Antilles et à la Réunion. La mortalité prématurée y est de 2 à 5 fois plus élevée outre-mer, qu'en métropole, tant chez les hommes que les femmes. Ces résultats reflètent une prévalence du diabète plus élevée en outre-mer estimée à 15 % à la Réunion, 7 % en Guadeloupe et 5 % en Martinique.
L'impact sur la mortalité.
Les mêmes auteurs ont pris dans la base de données nationale de mortalité 2002 (France métropolitaine) les certificats de décès qui mentionnent un diabète en cause principale ou associée permettant une description de l'impact global du diabète. 29 357 certificats de décès mentionnaient un diabète, soit 5,5 % des décès, dont 5,7 % pour les hommes et 5,3 % pour les femmes. L'âge moyen du décès était de 78 ans, avec un taux de mortalité directement lié au diabète qui serait de 41 pour 100 000 chez les hommes et 25 pour 100 000 chez les femmes.
Dans les deux tiers des certificats rapportant un diabète, une maladie de l'appareil circulatoire était mentionnée. Les maladies coronariennes et rénales, les infections cutanées, ostéo-articulaires et les neuropathies apparaissent deux fois plus souvent comme cause du décès dans les certificats avec diabète que dans ceux sans diabète. Pour les auteurs, l'impact du diabète sur la mortalité générale est important, surtout chez les hommes.
Profils et pratiques.
Le principal objectif de l'étude ECODIA est de décrire les profils et les pratiques de prise en charge des patients diabétiques, d'estimer les consommations de soins et de déterminer l'évolution de ces données en comparaison avec la même étude réalisée en 1999.
Un échantillon national représentatif de 308 médecins généralistes et 48 spécialistes a inclus 4 250 patients diabétiques de type 2. Ces patients devaient présenter un diabète traité ou non, mais diagnostiqué depuis au moins trois mois. Comparativement aux données de 1999, on observe une augmentation de la part des patients suivis à la fois par un spécialiste et par un médecin généraliste et du pourcentage d'individus bénéficiant d'une ALD. L'amélioration de la prise en charge concerne le contrôle glycémique (20 % de patients présentant un taux d'hémoglobine glyquée supérieur à 8 % versus 31 % dans la précédente enquête, alors que le pourcentage de patients ayant un taux d'hémoglobine glyquée inférieur à 6,5 % est resté stable, à 33 %). Les auteurs observent également une amélioration de la prise en charge de l'hypertension artérielle et des paramètres lipidiques.
Si le contrôle glycémique est meilleur, c'est le résultat d'une intensification des traitements hypoglycémiants avec une baisse du pourcentage de patients traités par régime seul de 9,5 à 2,7 %, une diminution de l'utilisation des biguanides en monothérapie (30,8 % versus 46,4) et une intensification des plurithérapies par antidiabétiques oraux. Les diabétiques de type 2 bénéficient plus volontiers d'une insulinothérapie (passée de 5 à 15 % des patients).
Coûts directs et indirects.
La consommation totale médicale directe des diabétiques a augmenté de 10 % entre 1999 et 2005, avec une forte augmentation des coûts directement liés au diabète (28 %), mais une baisse des coûts attribués à la prise en charge des complications (12 %). L'analyse par poste montre une forte augmentation des coûts des soins ambulatoires (26 %) compensée par une croissance plus faible des coûts hospitaliers.
Communications de Michel Varroud-Vial, Dominique Simon, Bernard Charbonnel et Evelyne Eschwege (groupe Ecodia) et I. Romon, E. Jougla, J. Nicolau, S. Fosse, A. Fagot-Campagna (InVS).
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