L'IRDES (Institut de recherche et de documentation en santé, ex-Credes) vient de publier une étude sur la prescription de médicaments à SMR (service médical rendu) insuffisant en 2001 (1). Première tendance générale observée, la prescription de ces médicaments n'est pas une pratique marginale puisque, chez les médecins généralistes, elle concernerait une ligne de prescription sur cinq, soit 20 %. Chez les spécialistes, la proportion varie : 62 % pour les angiologues, 39 % pour les pédiatres et les ORL et 7 % chez les gynécologues. De même, note l'Irdes, « plus une ordonnance est longue et comporte de médicaments, plus la proportion de SMR insuffisants est elle-même importante ».
La répartition de ces prescriptions par type d'affections ou de médicaments est elle-même riche d'enseignements : s'agissant de la classe de l'appareil respiratoire, 57,3 % des lignes de prescriptions sont à SMR insuffisant, et au sein de cette classe de l'appareil respiratoire, 100 % des expectorants prescrits sont concernés ainsi que 50 % des traitements rhinologiques locaux ou des antitussifs. Au sein de la classe des vitamines et des suppléments minéraux, 28 % des prescriptions sont à SMR insuffisant. Dans celle de l'appareil cardiovasculaire, 24 % - mais les auteurs de l'étude soulignent que pour trois sous-classes de produits, à savoir les veinotoniques, les vasodilatateurs périphériques et cérébraux, et les antivariqueux à usage local, « la quasi-totalité des spécialités sont à SMR insuffisant ».
Une concentration sur certaines pathologies.
L'enquête, par ailleurs, montre que « 60 % des lignes de prescriptions de médicaments à SMR insuffisant se concentrent dans trois grands groupes de pathologies : les maladies de l'appareil respiratoire, les maladies de l'appareil circulatoire, et les maladies infectieuses et parasitaires ». Et ils observent que, pour le premier groupe de maladies (appareil respiratoire), « il est possible dans certains cas de substituer les médicaments à SMR insuffisant par d'autres médicaments à SMR supérieur ». Parfois aussi, il apparaît que des médicaments à SMR insuffisant « semblent être prescrits en supplément sur l'ordonnance ». Dans ce cas, note l'Irdes, ils pourraient alors ne plus être prescrits sans entraîner de substitution, ce qui entraînerait des économies directement mesurables. Enfin, selon les auteurs de l'étude, certains médicaments prescrits ne disposent dans leur classe d'aucune alternative thérapeutique mais pourraient « faire l'objet de reports vers des médicaments d'autres classes thérapeutiques ou vers des alternatives non médicamenteuses », comme par exemple pour le traitement des maladies cérébro-vasculaires par des vasodilatateurs.
Les auteurs de cette étude rappellent qu'ils y ont travaillé avant le lancement du plan de déremboursement de Jean-François Mattei. A ce sujet, ajoutent-ils, « il serait intéressant d'effectuer un nouveau bilan après la mise en œuvre de la dernière vague de déremboursements, annoncée pour 2005. Il serait alors possible de déterminer si les objectifs définis à la fois en termes de santé publique et de rationalisation des dépenses ont été atteints ».
(1) Florence Naudin et Catherine Sermet, « La prescription de médicaments à service médical rendu insuffisant en 2001 », Bulletin en économie de la santé n° 82. Cette enquête est disponible en ligne sur le site de l'Irdes : www.irdes.fr
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