Le chevalier blanc de l'assurance-maladie a encore frappé. Quelques semaines après avoir dé- puis reconventionné le Dr Yann Hamard pour cause de dépassements d'honoraires (« le Quotidien » du 12 mai), Claude Frémont, directeur de la caisse primaire (CPAM) de Nantes, vient en effet d'assigner en référé, devant le tribunal de grande instance (TGI) de sa ville, le Dr Jean-Michel Muratet, ophtalmologiste installé à Foix, dans l'Ariège, et webmaster du site officiel du SNOF (Syndicat national des ophtalmologistes de France).
A l'origine de cette action : un communiqué du président du SNOF, le Dr Jean-Luc Seegmuller, mis en ligne le 15 mai par le Dr Muratet, et dans lequel Claude Frémont est décrit comme « un directeur de caisse dont la personnalité perturbée est de notoriété publique » et ses initiatives qualifiées d' « extravagantes ». Pour Claude Frémont, ça ne fait pas un pli : ces mots « mettent en cause publiquement mon intégrité mentale et mon équilibre psychique ». Il porte donc l'affaire devant le TGI de Nantes.
Les ophtalmologistes, soutenus par la Coordination nationale des médecins spécialistes (CNMS), ne l'entendent pas de cette oreille. Ils jugent que la riposte de Claude Frémont est une « attaque indigne (qui) bafoue les libertés fondamentales de notre démocratie que sont la liberté d'expression et la liberté syndicale ». Ils dénoncent le procédé « inqualifiable » du directeur de la CPAM de Nantes et la CNMS rappelle que les médecins spécialistes ont été eux-mêmes « maintes fois l'objet de qualificatifs outranciers de la part de ceux-là même qui s'étonnent aujourd'hui de leur exaspération ». Cet épisode, accuse la Coordination, n'est que la énième manifestation du « harcèlement dont sont victimes les médecins spécialistes de la part des caisses d'assurance-maladie ». Signataire du communiqué qui a mis le feu aux poudres, le Dr Seegmuller s'étonne de la réaction de Claude Frémont. « Dire que ce monsieur a "une personnalité perturbée" est une estimation que nous pensons avoir le droit de faire au vu des événements des derniers mois, voire des dernières années. J'ajoute que quand on voit les affirmations actuellement placardées dans les rues de nos villes par les syndicats de salariés sur des hommes comme Luc Ferry ou François Fillon, le qualificatif que nous avons employé ne paraît pas très méchant. »
Contre-attaque de Claude Frémont : « On ne transige pas sur le respect d'autrui, même et y compris en sa qualité de dirigeant d'un service public. L'honneur des directeurs de caisse d'assurance-maladie vaut bien celui des médecins et on ne voit pas pourquoi ceux-ci seraient les seuls à être chatouilleux sur ce point. »
La guerre est bel et bien ouverte, dans laquelle le Dr Muratet veut jouer un rôle discret. « Un peu surpris » de se retrouver du jour au lendemain dans la ligne de mire de Claude Frémont, l'ophtalmologiste voit aussi une certaine logique dans ce qui lui arrive : « Les agressions nous tombent dessus chaque jour, de tous les côtés. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature