L'affaire est inédite dans le milieu hospitalier. Depuis le 25 mars, un médecin du SAMU du Cher est suspendu de ses fonctions pour avoir consulté des sites Internet et stocké des images à caractère pédophile à partir d'un ordinateur du service. Une enquête judiciaire est en cours.
Les faits sont connus depuis plus de deux mois. Le directeur du centre hospitalier de Bourges, Alain Meunier, a saisi le procureur de la République le 29 janvier. Ce n'est qu'en mars que le parquet de Bourges a confié l'enquête au service régional de la police judiciaire d'Orléans (la sortie de l'affaire par la presse locale a, semble-t-il, activé le traitement du dossier).
Après « l'incrédulité et le dégoût » du premier jour, la place est au « soulagement », rapporte Alain Meunier au « Quotidien ». Personne, à l'hôpital, ne soupçonnait ce praticien hospitalier à titre provisoire capable de tels agissements, lui « qui ne posait aucun problème, dont la compétence n'attirait pas de critiques », d'après le directeur hospitalier. Ce médecin, par ailleurs père de famille, a occupé divers postes à l'hôpital de Bourges pendant une dizaine d'années.
Ce sont les pannes répétées d'un ordinateur qui ont permis de révéler l'affaire. Le PC en question, installé dans le bureau d'une secrétaire du SAMU, pouvait être consulté par plusieurs personnes. Les services de dépannage informatique, contactés par la secrétaire qui ne pouvait plus travailler, ont alors découvert que l'ordinateur était fréquemment utilisé pour consulter des sites Internet pornographiques à caractère pédophile, et pour stocker, recevoir et émettre des images de jeunes enfants. L'analyse du disque dur est en cours. Très vite, la secrétaire a été mise hors de cause. Les premières investigations en matière de traçabilité, possible grâce à l'analyse des codes d'accès aux sites pédophiles, semblent formelles sur l'identité de l'individu ayant utilisé cet ordinateur. D'où la suspension d'un des médecins du SAMU, par la préfète du Cher, Anne Merloz, sur proposition de la direction départementale de l'Action sanitaire et sociale (une décision qui ne remet pas en cause la présomption d'innocence du praticien). Pas de mise en examen pour le moment. Le procureur de Bourges ne souhaite pas s'exprimer, jugeant le dossier « trop sensible ».
Dans un communiqué, l'Association des urgentistes de France dénonce avec force cet acte grave de cybercriminalité. L'AMUHF « demande que la police et la justice fassent leur travail avec rapidité et transparence pour que toute la lumière soit faite sur le réseau pédophile dont un des utilisateurs serait un des médecins du SAMU de Bourges ». Notons cependant que l'existence d'un réseau pédophile reste entièrement à démontrer.
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