DES AGENTS hospitaliers de l'hôpital Avicenne, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), accusent une femme médecin de propos racistes «indignes» et «coutumiers» lors de ses consultations ORL dans cet établissement public. Onze d'entre eux, qui travaillent au pôle chirurgie, rapportent, dans un courrier du 16 mars à la direction, avoir entendu, devant le personnel ou des patients, des propos tels que «On ne fait pas de la médecine vétérinaire ici» ou «On se croirait dans la brousse», à l'adresse de femmes et d'hommes étrangers ou d'origine étrangère, nombreux à consulter à Avicenne. Une autre fois, à un patient blanc, elle aurait dit : «Ah, Monsieur, je suis contente de vous voir, je me demandais si j'étais encore en France.» Dans un tract intitulé « Halte au racisme », distribué dans l'enceinte de l'hôpital, le syndicat Sud Santé menace de porter plainte.
«Cette histoire a écoeuré suffisamment la praticienne pour qu'elle pose sa démission», commente la directrice, Martine Orio, qui n'a pas l'intention de s'opposer à son départ. Mais, précise-t-elle, «on n'a aucune preuve, dans cette affaire, qui s'appuie sur des témoignages remontant à la mi-mars, à la fois fragiles et pas forcément dénués d'arrière-pensées. Je ferai remarquer également qu'il n'y a jamais eu de plainte contre cette femme médecin qui se sent victime d'une manoeuvre de déstabilisation». Et d'ajouter : «Il est patent qu'à Avicenne nous avons parmi nos patients jusqu'à 65nationalités différentes. Avec les 2200membres du personnel, nous constituons un microcosme extrêmement transculturel. En conséquence, il peut se produire que nous ayons des problèmes, et cela nous est arrivé récemment avec un agent, défendu par le syndicat Sud Santé, que nous avons dû remercier pour avoir tenu des propos racistes.»
Le Pr Yves Cohen, président de la Commission médicale d'établissement (CME), se montre prudent. Il souhaite rencontrer sa consoeur ORL avant de se prononcer. Dans tous les cas, «c'est la première fois, dit-il au “Quotidien”, que j'entends parler d'un problème pareil à Avicenne». Est-ce sous la pression des événements, toujours est-il que la CME a entériné, le 25 avril, la nomination d'un médiateur – un médecin à la retraite d'Avicenne – en vue de régler ce type de différend avec les patients.
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